bayyinaat

Publié le temps: 03 ,December ,2017      11:31:28
Histoire des douze imams ahl-ul-bayt (a.s)
Le deuxième guide du chiisme, le premier fruit l’union sacrée d’Ali (as) et la fille du prophète est venu au monde à Médine la mi-ramadan de la troisième année après l’hégire. Il n’a pas vraiment connu l’époque de son grand-père car il n’avait qu’environ sept à la mort du prophète. Après la mort du messager de Dieu, il vécu presque 30 ans avec son père le prince des croyants. Après la mort de l’imam Ali (as) (ans 40 de l’hégire), il assuma l’imamat pendant dix ans et fut empoisonné à la suite d’un complot de Mouawiyya alors qu’il n’avait que 48 ans. Il est enterré au cimetière Baqei à Médine.
nouvelles de code: 13

La voix des opprimés

Dans l’islam, les riches de la communauté ont une lourde responsabilité vis-à-vis des pauvres et les démunis de la société. Le profond lien spirituel qui lie les musulmans les exhorte à constamment s’efforcer pour venir en aide aux opprimés de la société. Non seulement le prophète et les imams le recommandent vivement, ils constituent chacun un exemple d’humanisme, d’altruisme et d’assistance pour les pauvres de leur époque.

En plus de briller par sa connaissance, sa piété, sa dévotion et sa générosité l’imam Hassan suscitait aussi l’admiration pour le secours qu’il apportait aux pauvres de son époque. Sa présence semait la joie dans les cœurs des opprimés et les laissés-pour-contre. Il était surtout l’espoir de ceux qui trouvaient refuge auprès de lui. Aucun pauvre ne se présentait devant sa porte et rentrait les mains vides. Toute personne affligée qui se confiait à lui rentrait toujours le sourire au visage. Il comblait parfois la demande d’un besogneux avant qu’il ne se donnait la peine de vaincre la honte qui l’embarrassait lorsqu’il s’apprêtait à exposer son problème à l’imam. Souyouti rapporte dans son livre d’histoire: «Hassan Ibn Ali avait des vertus morales et d’innombrables qualités humanistes. C’était un homme indulgent, patient, posé et généreux».[1]

Elément à retenir

L’imam Hassan faisait parfois don d’une importante somme d’argent à un pauvre et cela suscitait l’étonnement. Ce geste de l’imam nous permet de retenir qu’on peut combler à jamais un pauvre en lui faisant don d’une somme substantielle. Avec cet argent il peut résoudre tous ses problèmes et vivre honorablement en se servant de ce fond. L’imam ne jugeait pas convenable de donner seulement au pauvre une somme qui ne pouvait lui permettre que de satisfaire qu’un besoin quotidien qu’il comble habituellement avec peine. Car il devait être obligé de tendre la main chaque jour pour survivre.

La famille de la science et des mérites

Ousmane était un jour près de la mosquée lorsqu’un pauvre vint lui demander une aide financière. Ousmane lui tendit cinq dirhams seulement. Le pauvre le pria de lui indiquer quelqu’un qui pouvait mieux l’aider. Ousmane lui montra Hassan Ibn Ali (%), Hossein Ibn Ali (as) et Abdellah Ibn Ja’far assis de l’autre coté de la mosquée et dit: «tu vois ces jeunes assis là-bas, vas vers eux et demande-leur de l’aide». Il se rendit auprès d’eux et posa son problème. L’imam Hassan dit: «il n’est permis de demander de l’aide financière aux autres que dans trois situations. Lorsqu’on doit payer le prix de sang et qu’on en est complètement incapable, lorsqu’on croule sous une dette qu’on ne peut rembourser et lorsqu’on de vient pauvre et qu’on arrive plus à joindre les deux bouts. Es-tu sous le poids de l’une de ces situations? Je suis effectivement sous le coup de l’une. L’imam Hassan (%) Lui offrit cinquante dinars. Son petit frère l’imam Hossein suivit son exemple et donna quarante neuf dinars au pauvre et Abdellah Ibn Ja’far compléta la cagnotte avec quarante huit dinars. Passant près d’Ousmane en rentrant celui-ci demanda au pauvre: ça c’est passé comment? le pauvre répondit: «Je t’ai demandé de l’argent tu m’en a donné aussi. Mais tu ne m’as pas demandé ce que je voulais faire de cet argent. Mais lorsque je suis allé demander de l’aide auprès de ces trois personnes, l’une m’a demandé ce que je voulais faire avec cet argent? Je lui ai répondu. Et c’est alors que chacun d’eux m’a donné une somme d’argent. Ousmane reprit: «ils appartiennent à la famille de la science, la sagesse et les mérites que tu ne trouveras nulle part».[2]

Munificence exceptionnelle

L’imam Hassan engageait toutes ses forces dans l’accomplissement des bonnes actions divinement appréciées et donnait beaucoup de biens pour la cause de Dieu.

Les historiens et les savants ont noté dans le commentaire de l’honorable vie de l’imam les cas de munificence exceptionnelle. Un comportement qu’on en voit dans la vie d’aucunes des grandes figures. Une preuve de la grandeur d’âme de cet éminent imam et son désintéressement pour les parures de ce bas monde. Souyouti écrit: «dans toute sa vie, l’imam Hassan Mojtaba a fait deux fois don de tous ses biens dans la voie de Dieu, il a divisé à trois reprises ses biens par deux; il a gardé une moitié pour lui et l’autre est allée comme don pour la cause de Dieu».[3]

Assistance indirecte

La personnalité de l’imam Hassan et son tempérament ne lui permettaient de laisser quelqu’un sortir de chez lui désespéré. Quand il se retrouvait parfois dans l’incapacité d’aider directement, il s’évertuait indirectement à résoudre les problèmes des nécessiteux. Il dénouait intelligemment les difficultés des gens en détresse. Un pauvre vient un jour le voir pour lui demander de l’aide. L’imam n’avait pas d’argent pour le soulager. Mais comme il ne voulait pas laisser le monsieur rentrer les mains vides, il lui proposa une aide indirecte: «es-tu d’accord pour que je t’oriente vers un travail qui te permettra d’obtenir ce que tu désir? De quoi s’agit-il demanda l’homme? La fille du calife est décédée aujourd’hui et il est en plein deuil, exposa l’imam. Mais personne ne lui a encore adressé les condoléances. Rend-toi chez lui et présente-lui tes condoléances avec les expressions que je vais t’enseigner tu pourras par ce moyen obtenir ce que tu veux. Comment lui présenter mes condoléances alors demanda l’homme? Une fois près du calife, reprit l’imam, dit ceci «Dieu soit loué que ce soit votre fille qui vous ait devancée pour être confiée à la terre car elle était l’ombre de son père. Mais si c’est le calife qui était parti avant la fille, ses fautes déshonorantes se seraient dévoilées après ton départ et sa dignité aurait été bafouée. Le pauvre exécuta les recommandations de l’imam. Ces phrases touchantes eurent un profond effet sur le calife et dissipèrent un peu sa peine. Il ordonna d’offrir un présent au monsieur. Les propos que tu as tenu sont-ils de toi, demanda curieusement le calife? Non répondit-il, ils sont d’Hassan Ibn Ali. C’est lui qui me les a appris. C’est vrai, reconnut le calife, il est la source de l’éloquence et des propos élogieux.

Les causes du traité de paix de l’imam Hassan

Le traité de paix avec Mouawiyya est le plus important événement de la vie de l’imam Hassan. Cet événement a fait l’objet de multiples débats et semer le doute parmi les frères et les ennemis très peu avertis. Cet accord a obligé l’imam Hassan à se mettre à l’écart du califat et de l’administration de l’Etat islamique.

Après une étude de la biographie de l’imam Hassan et des événements de l’époque, certains se demandent encore pourquoi l’imam Hassan a accepté cet accord de paixavec Mouawiyya ? Les chiites n’avaient-ils pas donné l’allégeance au fils de l’imam Ali après sa mort? N’aurait-il pas fallu que l’imam Hassan réagisse comme le fit plus tard l’imam Hossein et se soulever contre Mouawyya afin d’ébranler son régime jusqu’à la victoire ou alors tomber martyr? Il est important d’élucider trois points avant de répondre à ces questions.

1 – Les combats de l’imam Hassan avant l’imamat.

L’histoire témoigne que l’imam Hassan était un homme courageux qui ne se laissait jamais influencer. Il était toujours prêt à combattre pour l’instauration et l’évolution de l’islam. Il était auprès de son père dans la bataille de Jamal. Il était même en avance sur les plus braves compagnons de l’imam Ali. Il fonçait dans la ligne de front de l’armée ennemi. Sous l’ordre de son père, il entra dans la cité de Koufa avant la bataille et accompagné d’Ammar Yâser et quelques compagnons, ils encouragèrent les gens à participer à la guerre.[4] Il entra à Koufa et en ressortit avec environ 9000 personnes parmi les partisans d’Abou Moussa Ash’ari, l’un des dignes symboles du califat d’Ousmane opposé au gouvernement de justice d’Ali Ibn Abou Talib et qui avait crée un mouvement et mobiliser des musulmans pour soutenir ceux qui avaient rompu leur allégeance avec l’imam Ali.[5]

Lors de la bataille de Seffine

L’imam Hassan joua aussi un important rôle lors de la bataille de Seffine en encourageant les gens à joindre l’armée des croyants dans le combat contre Mouawiyya. Il utilisa ses talents de communicateur élogieux pour mobiliser une fois de plus les gens de Koufa derrière le prince des croyants afin de mater l’insurrection.[6]

Tellement il était motivé pour combattre pour la cause de Dieu dans la bataille de Seffine que son père avait demandé à certains de ses proches compagnons de dissuader son petit frère et lui à poursuivre le combat contre l’ennemi afin de ne pas risquer d’hypothéquer la descendance du prophète si jamais ils venaient à être tués.[7]

2 – les répliques sévères de l’imam Hassan contre les Omeyades

L’imam n’a jamais fléchi dans son engagement à dire la vérité et à défendre les intérêts de l’islam. Il critiquait constamment les actes anti islamiques de Mouawiyya et dévoilait le passé noir de ce dernier ainsi que des Omeyades. Ces réactions poignantes dans ses entretiens avec Mouawiyya et ses partisans (comme par exemple Amrou Aas, Outba ibn Abou Soufiyâne, Walid ibn Outba, Mouguira ibn Sheiba, Marwâne ibn Hakam) sont les preuves palpables de ses prises de positions.[8]

Même après le traité de paix qui avait permis à Mouawiyya d’asseoir sn autorité, il monta au crénom lors de la tournée de Mouawiyya à Koufa pour expliquer aux gens les raisons pour lesquelles il avait conclu cette trêve et réitéré les mérites et les qualités de la famille d’Ali. Il évoqua en présence des deux groupes les faiblesses de Mouawiyya dont il condamnait sévèrement les méthodes.[9]

Après l’assassinat de l’imam Ali et le traité de paix de l’imam Hassan, les Khawâridjes avaient formé un véritable front contre Mouawiyya. Une nouvelle parvint à Mouawiyya que Khawtara Asadi l’un des leaders des Khawârdjes s’était soulevé contre lui à Koufa et avait réuni une armée autour de lui. Pour montrer son autorité, il envoya à l’imam Hassan en voyage pour Médine une dépêche dans laquelle il lui ordonnait de faire un détour à Koufa, mater l’insurrection des Khawtara avant de continuer son voyage. L’imam réagit aussitôt à travers un message dans lequel il écrit: «je éviter de te combattre pour préserver la vie des musulmans. Cela ne veut pas dire je dois combattre les autres par ton injonction. S’il faut combattre quelqu’un, tu es la personne idéale à anéantir car te combattre est prioritaire que réprimer les khawâridjes.[10]

Un esprit de confrontation se dégage de ces phrases surtout les mots qui piétinent l’autorité de Mouawiyya «j’ai évité de te combattre…».

3 – Les traités de paix en islam

Il faut retenir qu’il n’y a pas de législation catégorique sur la guerre et le jihad en islam. De même, l’islam ordonne aux musulmans de combattre l’ennemi selon les circonstances, de même, il recommande de passer par la trêve si engager les hostilités s’avère nécessaire mais ne porte pas de fruit. Nous notons ces deux scénarios dans la vie du prophète. Si le messager a livré la bataille de Badr, d’Ouhoud, d’Ahzâb et de Honein, il a également conclu des traites avec les ennemis de l’islam lorsqu’il voyait que la victoire était impossible. En effet, pour garantir le progrès de l’islam, il avait provisoirement arrêté de livres bataille. [11]Le traité de paix du prophète avec les tribus Dhamra, Ashja’ et les habitants de la Mecque (à Hodeibiyya) sont des exemples de traités conclus par le noble prophète (ç).[12]

Donc de même que le prophète de l’islam avait provisoirement conclu avec l’ennemi une trêve (pour des raisons et intérêts plus grands que certains semblaient ne pas comprendre à ce moment), l’imam Hassan Mojtabâ aussi, en sa qualité de guide désigné par Dieu et conscient de tous les contours du problème avait vu à long terme qu’il était mieux d’épargner à la communauté la poursuite de la guerre. Cette attitude ne doit donc pas susciter d’interrogation et il faut le concevoir exactement avec la position du messager (ç).

Pour bien comprendre les raisons et les conséquences de ces accords de paix, nous allons balayer l’histoire pour justifier cet acte avec des documents authentiques:

On peut dire globalement que l’imam n’a en fait pas conclu les accords de paix car cela lui a été imposé. Les circonstances inappropriées et beaucoup d’autres facteurs réunis avaient abouti au point où la paix était une option incontournable qui s’imposait à l’imam Hassan. Quelqu’un d’autre dans sa situation n’aurait pas eu de choix que d’accepter la trêve. Ni la situation interne, encore moins le contexte externe n’étaient pas favorables pour la poursuite de la guerre. Nous analysons chaque situation:

Du point de vue de la politique étrangère

Un conflit interne à cette époque n’était pas à l’avantage des musulmans car l’empire romain qui avait essuyé sévères échecs de la part de l’islam guettait la moindre occasion pour frapper très fort l’appareil de l’islam et se prémunir de son influence. Lorsque les dirigeants romains avaient appris que les armées de l’imam Hassan et Mouawiyya s’étaient dressées l’une contre l’autre, ils s(‘étaient dit que la meilleure occasion pour réaliser leur objectifs était à portée de main. Ils ont donc préparé une puissante armée pour lancer une offensive sur la nation islamique et prendre ainsi leur revanche. Dans ces conditions en tant que garant des fondements de l’islam n’était-il pas convenable pour quelqu’un comme l’imam Hassan d’accepter la trêve et de prendre des mesures appropriées pour éviter au monde islamique un danger d’une aussi grande envergure? Le grand historien Yakoubi écrit: «Mouawiyya apprit en rentrant en Syrie (après les accords de paix) que l’armée était en route pour attaques l’Etat islamique. Et comme il n’avait la capacité de les affronter, Mouawiyya signa avec les troupes romaines un accord de paix et accepta de verser cent milles dinars à l’empire romain de l’Est».[13] Ce témoignage est une preuve que l’ennemi commun de la communauté islamique voulait profiter des conflits entre les deux partis musulmans pour lancer une offensive contre l’Etat islamique. L’empire romain de l’Est aurait été la partie gagnante s’il y avait eu affrontement entre les troupes de Mouawiyya et les forces acquises à la cause de l’imam Hassan. Heureusement ce danger fut écarté grâce à la perspicacité et la sagesse de l’imam Hassan.

L’imam Baqir dit ceci à quelqu’un qui s’était mis à critiquer l’initiative de trêve de l’imam Hassan: «Si l’imam Hassan n’avait pas agit ainsi il s’en serait suivi un grand danger».[14]

Du point de vue politique intérieure

Incontournablement, un dirigeant qui cherche à triompher au front sur l’ennemi doit avoir compté sur une force intérieure dynamique organisée et structurée. Sans un tel atout on ne court que vers la défaite si on s’engage dans un combat. L’absence d’une force politique interne est un volet palpable dans l’analyse de la question des accords de l’imam Hassan. En effet la population de l’Iraq et surtout les habitants de Koufa étaient volontairement prêts à combattre mais il lelur manquait une organisation structurée et unie.

La fatigue engendrée par les batailles précédentes

La succession des batailles de Jamal, Seffine, Nahrawâne, les hostilités et les tensions permanentes provoquées en Iraq, au Hijâz et au Yémen par la médiation entre l’armée de Mouawiyya et les forces acquises à la cause de l’imam Ali avaient fini par épuiser la plupart des compagnons de l’imam Ali qui militaient pour une trêve et un arrêt des hostilités. Durant les presque cinq ans de règne de l’imam Ali, ses compagnons n’ont jamais eu l’occasion de ranger les armes. Ils s’apprêtaient toujours à aller vers un nouveau front dès qu’ils revenaient d’un autre. En plus les combats ne les opposaient pas aux étrangers si ce n’est avec les frères des tribus qu’ils venaient de connaitre hier et qui s’étaient ralliés à Mouawiyya.

En réalité, les habitants de l’Iraq et leurs hésitations pour envoyer les troupes affrontées en Syrie les groupes adverses qui attaquaient de nuit le Hijâz, le Yémen et l’Iraq traduisaient des signes de fatigues et sollicitaient la paix. C’est ainsi qu’ils avaient difficilement répondu à l’appel de l’imam Ali pour la bataille de Seffine.[15]

Après avoir rappelé l’événement la médiation et la complication des événements à la fin de la guerre de Seffine, le docteur Taha Hossein écrit: «Puis (Ali) décida de marcher sur la Syrie. Mais les hypocrites parmi ceux qui l’accompagnaient lui suggérèrent plutôt de revenir à Koufa et remettre ses affaires en marche après la guerre pour pouvoir attaquer l’ennemi avec un grand nombre de soldat. L’imam Ali les ramena à Koufa. Mais ils n’en sont plus sortis et ses compagnons sont rentrés chez eux et se sont mis à s’occuper d’autres choses. Tellement ils avaient montré leur désintéressement par rapport à la guerre que l’imam Ali finit par se décourager. L’imam les appelaient constamment au Jihad et insistait, mais ils faisaient la sourde oreille et ne répondaient pas favorablement. Si bien que l’imam leur adressa ce sermon: «Vous avez méprisez mon appel avec votre désobéissance et les choses sont arrivées au point les Qorayshont dit: le fils d’Abou Talib est un homme brave mais il ne connait pas les rouages de la guerre. Qui parmi eux connait mieux les ficèles de la guerre?».[16]

Cette situation s’est beaucoup manifestée après la mort de l’imam Ali et l’accession de l’imam Hassan au califat. Surtout lorsque l’imam les invita à aller combattre les gens de la Syrie. Ils réagirent avec toutes les peines.

Lorsque l’imam Hassan apprit que l’armée de Mouawiyya était en route vers Koufa, il demanda à ce que les gens se réunissent à la mosquée. Il fit alors une allocution et annonça que l’armée de Mouawiyya s’apprêtait à marcher sur Koufa. Il les invita au Jihad pour la cause de Dieu et la résistance contre le faux et ses partisans. Il souligna la nécessité d’endurer les difficultés que cette situation imposait et demanda au gens de faire preuve de sacrifice. Connaissant l’état d’esprit des gens, l’imam était inquiet qu’ils ne répondent favorablement à son appel. Et c’est ce qui se passa d’ailleurs. Tout le monde se tut après le discours de guerre émouvant de l’imam Hassan. Nul ne confirma ses dires.

Cette scène fut si désolante que l’un des courageux compagnons de l’imam Ali présent dans la salle prit la parole et blâma l’assistance pour sont insouciance. Il les traita de faux héros et de peuple peureux dépourvu du moindre courage. Il les invita à se battre aux coté de l’imam contre les gens de la Syrie.[17]

Ces témoignages historiques montrent combien les habitants de Koufa étaient peu motivés. La flamme de combat s’était éteinte en eux et ils n’étaient pas prêts à participer au combat. Finalement les compagnons dévoués de l’imam multiplièrent une campagne de sensibilisation pour inciter les gens à participer au combat. Ils réussirent à quitter Koufa avec une petite armée de 4000 personnes vers une base nommée Noukheila où ils s’installèrent et attendirent dix jours pour l’arrivée des renforts. Cette situation obligea l’imam à retourner vers Koufa et entreprit des initiatives pour enrôler plus de volontaires dans l’armée.[18]

Une société avec des aspirations contradictoires

En plus la société irakienne ne présentait pas l’image d’une société unie. Elle était composée de divers groupes et entités opposées qui n’arrivaient pas du tout à s’entendre et à s’organiser. La société irakienne et la cité des Koufa comprenaient les groupes tels que les redoutables Omeyades, les Kawaridje qui déclaraient obligatoire la nécessité de combattre les deux camps, les musulmans non Arabes venus d’autres régions et qui s’étaient réunis en Iraq et qui atteignaient plus de 20000. Et enfin un groupe qui n’avait pas de conviction fixe et qui ne savaient pas encore lequel des deux camps choisir. Les partisans et les fervents suiveurs de l’imam Ali faisaient partie aussi des cette société cosmopolite.

Une armée désorganisée

Cette diversité de fractions et de conviction ne pouvaient naturellement donner lieu qu’à une armée désorganisée et sans harmonie dans les rangs de l’imam Hassan Mojtaba. On ne pouvait dont vraiment compter sur cette armée pour affronter un ennemi extérieur. Le savant chiite Sheikh Moufid et bien d’autres historiens présentent ainsi cette composition dangereuse au sien de l’armée de l’imam Hassan: «Les Irakiens montraient une vraie lenteur et un désintéressement flagrant pour intégrer l’armée de l’imam Hassan et aller à la guerre. Ils étaient constitués de différents groupes donc:

1 – Les chiites et les partisans de l’imam Ali.

2 – Les Kawaridjes qui cherchaient à bondir sur toute occasion pour livrer bataille à Mouawiyya (c’est par rapport à la haine qu’ils avaient pour Mouawiyya qu’ils avaient intégré les rangs de l’imam Hassan et non par affection pour l’imam)

3- Les opportunistes et ceux qui visaient des intérêts matériels et qui s’étaient rangés derrière l’imam Hassan.

4 – Les incertains et les personnes qui ne savaient distinguer une aussi grande personnalité comme l’imam par rapport à Mouawiyya et qui avaient alors intégré l’armée de l’imam.

5 – Enfin un groupe mu par le tribalisme et qui n’avait intégré l’armée de l’imam Hassan que pour honorer leur chef de tribu.[19]

Une preuve évidente

Peut-être aucun argument dans la description rétrospective de la société irakienne éparpillée et leur nonchalance pour la guerre n’est plus évident que les propos de l’imam Hassan lui-même. A Madâ’ine, c’est-à-dire le dernier point jusqu’où l’armée de l’imam avait évolué, son excellence y tint un discours particulièrement émouvant dans lequel il dit: «Il n’y aucun doute que nous allons affronter les gens de la Syrie. Nous avons par le passé combattu les Syriens avec vos forces intérieures engagées. Mais aujourd’hui à cause de la rancœur, vous avez perdu votre solidarité et votre sens de la résistance pour briller dans l’art de se plaindre. Vous faisiez passer votre religion avant les intérêts de ce bas monde lorsque vous engagiez pour la bataille de Seffine. Mais aujourd’hui vous faites passer vos intérêts mondains avant la religion. Nous sommes ce que nous avons toujours été dans le passé contrairement à vous qui manquez aujourd’hui de loyauté envers nous. Certains parmi vous ont perdu des proches dans la bataille de Seffine, d’autres dans la bataille de Nahrawâne. Le premier groupe versait les larmes pour leurs morts, tandis que le deuxième groupe réclamait vengeance pour le sang des leurs versé. Quant au reste, ils refusaient carrément de nous suivre. Mouawiyya nous a fait une proposition très loin de la justice et contraire aux nobles ambitions que nous poursuivons. Si vous êtes prêts à mourir dans la voie de Dieu dites-le afin que nous nous engagions dans le combat contre lui en répondant à son appel par l’épée. Et si vous voulez plutôt vivre dans la prospérité dites-le et nous acceptons sa proposition afin de garantir vos aspirations ». Quand le discours de l’imam atteint ce niveau, l’assistance lança ce cri: «Nous voulons la vie! Nous voulons la vie».[20]

Comment avec une armée dotée d’une moralité aussi basse l’imam pouvait engager le combat avec un ennemi en position de force comme Mouawiyya? Une victoire était-elle envisageable avec une armée composée d’autant de forces contradictoires et présentant des signes de danger? Si on inverse les positions entre l’imam Hassan et Mouawiyya à la tête d’une telle armée, n’aurait-il pas fait la même chose que fit l’imam? En effet, ces facteurs réunis ont poussé la communauté à la lisière du danger éminent. Cela a conduit aux événements qui s’exposent ainsi

Préparation d’une force par l’imam Hassan

Certains historiens classiques et contemporains ont changé les réalités historique et prétendu que l’imam Hassan n’avait pas l’audace d’affronter Mouawiyya. Ils disent que l’imam Hassan cherchait à obtenir de Mouawiyya des avantages pour vivre dans la paix et la tranquillité. Et chaque fois qu’il s’opposait à Mouawiyya c’était pour garantir ces avantages!

Il existe des documents historiques qui réfutent carrément ces allégations sans fondement qui ne concordent avec aucun fait historique authentique. En effet cela n’a aucun sens que l’imam Hassan s’évertue à rassembler une armée s’il n’avait pas l’intention de combattre Mouawiyya. C’est dans ce même contexte où l’imam essayait de réunir une armée, que certains chefs de tribu et des personnes appartenant aux grands clans de Koufa avaient trahi l’imam en écrivant à Mouawiyya pour déclarer leur soutien à son régime. Ils l’encouragèrent ainsi à se déployer vers l’Iraq, lui garantissant qu’ils obligeront l’imam Hassan à se soumettre à lui dès qu’il s’approchera de la ville. Mouawiyya prit le soin d’expédier les mêmes lettres à l’imam Hassan et lui demanda dans un message comment il comptait le combattre avec de telles personnes.[21]

Un commandant traitre

Après avoir quitté Koufa pour aller à la rencontre de Mouwiyya, il dépecha Obeyd Ibn Abbas avec 12000 soldats comme avant-garde de reconnaissance. Il choisit Qays Ibn Sa’d et Sa’ed Ibn Qays qui étaient tous deux des grands compagnons de l’imam Hassan comme consultants au sein de ce détachement. Ainsi, s’il arrivait quelque chose à l’une de ces trois personnes l’autre prenait le commandement selon un ordre déterminé.[22]

L’imam avait défini l’itinéraire que l’armée allait suivre et précisé l’attitude à adopter pour stopper l’avancée des troupes de Mouawiyya. Ilavait surtout exigé un rapport complet si cela se produisait afin que les renforts les rejoignent ensuite.[23]

Obeydollah qui tenait le commandement ordonna à son unité d’avancer. Ils croisèrent alors les troupes de Mouawiyya dans une localité nommée «Maskine». Ils y firent halte et établirent une base. Il n’a pas fallu longtemps pour que l’imam apprenne que son commandant Obeydollah avait reçu de nuit un million de dirhams et avait rejoint de nuit l’armée de Mouawiyya avec 8000 hommes qu’il avait entrainés dans sa trahison.[24]

Il est clair que la trahison de ce commandant à ce moment sensible devait participer à affaiblir encore le moral des troupes de l’imam Hassan. De toutes les façons Qays ibn Sa’d, un brave homme pieux dévoué et loyal envers la famille de l’imam Ali prit les commandes de ce qui restait de l’armée conformément aux ordres de l’imam Hassan. Il réussit grâce aux discours émouvants à motiver les soldats. Mouawiyya tenta aussi de le corrompre avec de l’argent mais en vain. Qays ne se laissa séduire par l’argent et de dressa face à l’ennemi de l’islam.[25]

Complot digne de trahison

Mouawiyya ne s’était pas contenté d’acheter Obeydollah, il l’utilisait également pour créer des scissions au sein de l’armée de l’imam Hassan par l’intermédiaire des espions à sa solde. Il rependait des rumeurs que Qays s’était aligné derrière Mouawiyya et que l’imam Hassan avait signé les accords de paix avec Mouawiyya aussi. Les choses étaient arrivées au point où Mouawiyya avait délégué vers la base d’imam Hassan à Madâ’ine quelques personnes bien en apparence à qui les gens avaient confiance. Ils avaient rencontré l’imam et après l’entretien ils se rendirent dans la population et commencèrent à cirer: «Dieu a éteint les divergences et les flammes de la guerre par le biais des enfants du prophète. Hassan Ibn Ali a fait la paix avec Mouawiyya et préserver le sang des gens». Les gens n’ont pas cherché à vérifier cette information puisqu’ils faisaient confiance à ces personnes. C’est ainsi qu’ils se révoltèrent contre l’imam et lancèrent l’assaut vers sa tente. Ils emportèrent tout ce qu’ils avaient trouvé dans la tente et cherchant à tuer l’mam Hassan, ils se dirigèrent dans tous les sens.[26]

La trahison des Kawaridjes

L’imam Hassan quitta Madâ’ine pour Sabata. L’un des Kawaridjes qui s’était embusqué en chemin porta un coup dur à l’imam. L’imam se retrouva affaibli par l’hémorragie que ce coup avait engendrée. Il fut alors transféré à Madâ’ine par un groupe de compagnons rapprochés. Le coup avait rendu critique l’état de l’imam. Mouawiyya profita alors de cette situation pour asseoir sa domination. L’imam Hassan qui se retrouvait seul (parce que les forces militaires qu’il avait l’avaient lâché) se vit dans l’obligation d’accepter les accords de paix.[27]

L’imam n’avait autre choix que d’accepter la trêve. Tabari et d’autres historiens écrivent: «C’est parce que les compagnons de Hassan Ibn Ali avaient déserté qu’il était prêt à accepter la paix car il n’était plus que seul».[28]

Les propos de l’imam sur les objectifs de la paix

Répondant à quelqu’un qui semblait lui reprocher d’avoir accepté la trêve, l’imam Hassan justifia cet acte en mettant l’accent sur les raisons qui l’avaient poussé à accepter cette situation: «J’ai cédé le pouvoir à Mouawiyya parce que je n’avais plus de compagnons à mes cotés pour le combattre. Si j’avais avec moi des compagnons, je l’aurais combattu nuits et jours pour mettre un terme à tout. Je connais parfaitement les gens de Koufa et je les ai déjà mis à l’épreuve. Ce sont des gens avilis qui ne reviendront point sur le droit chemin. Ils ne sont pas loyaux et ne tiennent pas leurs engagements. Ils n’arrivent pas à se mettre d’accord même s’ils ne sont que deux. Ils ont fait semblant d’être avec nous alors qu’ils agissaient en réalité pour le compte de notre ennemi».[29]

Très indigné par la lassitude et le manque de collaboration de ses compagnons, l’imam tint ces propos un jour: «Je suis vraiment étonné de voir un peuple qui n’a ni religion, encore moins la honte et l’honneur. Pauvre de vous autres! Mouawiyya ne respectera aucun des promesses qu’il a faites pour que vous me tuiez. Si je donne l’allégeance à Mouawiyya, J’accomplirai mieux mes obligations qu’aujourd’hui. Et si les choses tombent entre les mains de Mouawiyya, il ne laissera jamais s’appliquer la religion de mon grand-père dans la société. Je jure par Dieu à cause de votre désistement et votre manque de loyauté je me suis retrouvé dans l’obligation de céder la gestion des affaires des musulmans Mouawiyya. Mais sachez que vous ne serez jamais heureux sous l’autorité des Omeyades. Vous serez l’objet de toute forme de tortures et menaces. Je suis déjà en train de voir demain vos enfants debout devant la porte de leurs enfants quémander de l’eau et du pain. De l’eau et du pain qui appartient à vos enfants et que Dieu avait fait pour eux. Mais les Bani Omeyades s’en accapareront et ils seront privés de leurs droits. (l’imam ajouta) Je n’aurais jamais cédé le califat à Mouawiyya si j’avais des amis prêts à collaborer avec moi pour combattre l’ennemi de Dieu car le califat est illicite pour Bani Omeyade…»[30]

L’imam connaissait bien la nature corrompue du régime de Mouawiyya et il l’avait souligné dans un discours lors d’une assise à laquelle Mouawiyya était présent: «Je jure par Dieu que les musulmans ne seront jamais dans la tranquillité et le bien-être aussi longtemps que leurs affaires seront entre les mains des Omeyades».[31]

Les accords de paix et les objectifs de l’imam

Lorsque les conditions inappropriées que nous avons évoquées ont poussé l’imam Hassan à réaliser que la guerre avec Mouawiyya allait plutôt contre les intérêts de la communauté islamique et ne participait pas à préserver l’identité de l’islam, il s’est vu dans l’obligation de signer une trêve avec lui. Il s’est incroyablement battu pour garantir pacifiquement et dans la limité du possible les valeurs saintes.

D’un autre coté, la trêve qui allait s’installer avec le pouvoir qui lui revenait, Mouawiyya était prêt à faire tout forme de concession à l’imam Hassan, si bien qu’il lui avait même envoyé un papier vierge signé d’avance en annonçant à l’imam qu’il pouvait écrire tout ce qu’il voulait car il l’accorderait.[32] L’imam profita donc de sa disposition et remplit les accords de paix avec des sujets importants qu’il jugeait très sensible et qui allaient dans le sens des grandes valeurs qu’il défendait. Il prit surtout le soin de demander à Mouawiyya de respecter les clauses de ce traité.

Malgré le fait que le texte complet et ordonné de ce traité ne figure pas dans les ouvrages d’histoire, on peut retrouver les bribes éparpillées et presque complet du contenu de ce traité dans différents livres. Un coup d’œil sur les sujets que l’imam avait insérés dans les clauses du traité (exigeant qu’ils soient respectés) traduit l’extrême vigilance qu’il avait dans le combat politique qu’il menait pour marquer les points sur l’ennemi.

Avant d’aborder séparément les articles de ce traité, nous présentons le texte du traité qu’on peut résumer en cinq articles.

Le texte du traité

Article 1: Hassan Ibn Ali cède le gouvernement à Mouawiyya, à condition que Mouawiyya gouverne conformément aux commandements du saint Coran et la tradition du prophète.

Article 2: Après Mouawiyya le pouvoir reviendra à Hasan Ibn Ali et s’il lui arrivait quelque chose avant, la gestion des affaires des musulmans sera attribuée à Hossein Ibn Ali. Donc Mouawiyya n’a pas le droit de désigner quelqu’un comme son successeur à la tête de l’Etat.

Article 3: Il faut impérativement arrêter l’innovation indigne d»insulte et de malédiction sur l’imam Ali dans la prière. On ne doit se souvenir d’Ali qu’en bien.

Article 4: La somme de cinq million de dirhams dans la trésorerie de Koufa n’est pas inclue dans la passation du pouvoir à Mouawiyya, par conséquent elle doit être dépensée sous la supervision de l’imam Hassan Mojtaba. Mouawiyya doit également privilégier Bani Hashim aux Omeyades dans la répartition des subventions définies. Mouawiyya doit également dépenser la somme d’un million de dirhams du fond destiné aux familles des martyrs qui sont tombés au front à Jamal et à Seffine en combattant aux cotés de l’imam Ali.

Article 5: Mouawiyya s’engage à garantir la sécurité de toutes les populations de la Syrie, d’Iraq et du Hijâz quelle que soit l’origine contre toute persécution. Il doit tirer un trait sur leur passé et personne ne doit subir de persécution pour avoir des actes posés dans le passé contre le pouvoir de Mouawiyya. Il ne doit surtout pas s’en prendre aux Irakiens pour des vielles rancunes. En plus Mouawiyya doit assurer la sécurité des partisans d’Ali (as) et il ne doit pas les menacer quel que soit où ils se trouvent. Le moindre tourment ne doit les atteindre et les droits de tous seront respectés. Il ne doit surtout pas demander aux partisans d’Ali (as) de restituer les biens à eux versés par la trésorerie. Surtout, la vie de l'imam Hassan Ibn Ali (as) et celle de tous les membres de la famille du prophète (ç) ne doit aucunement être menacée. Il ne doit éviter d'entreprendre toute initiative pouvant les pousser à vivre dans la peur et l'inquiétude.

Enfin, Mouawiyya s’engage vivement à respecter et à appliquer à la lettre les clauses de ce traité. Il prend Dieu à témoin sur cette question et tous les notables et élites de la Syrie sont témoins aussi».[33]

C’est ainsi que se concrétisa les prédilections du prophète (ç) au sujet de l'imam Hassan Ibn Ali (as) alors que ce dernier n’était qu’un enfant. Le prophète (ç) avait dit ceci du haut de la tribune: «Mon fils que vous voyez sera le guide des musulmans et à travers lui, Dieu établira la paix entre deux groupes de musulmans».[34]

Les objectifs de l’imam par le traité de paix avec Mouawiyya

Lorsque les guides et les leaders de ce monde voient que les choses ne vont dans le sens des objectifs qu’ils poursuivent, ils ‘efforcent à prendre des initiatives dans lesquelles les pertes seront limitées. C’est un principe fondamental dans la stratégie politique et sociale.

C’est dans cette perspective normale que l’imam s’efforçait à promouvoir relativement ses grands idéaux dans la mesure du possible. Ainsi, étant dans l’obligation de parvenir à un compromis avec Mouawiyya, l’imam précisa qu’il ne lui cédait le pouvoir que s’il acceptait gouverner conformément aux commandements du saint coran et la tradition du prophète. Il est alors évident que l’imam ne cherchait pas seulement à accéder au pouvoir. Il voulait surtout garantir les lois islamiques dans la société qui doit être administrée selon ces lois. Et cet objectif fondamental aurait été garanti à d’une certaine manière s’il était appliqué par Mouawiyya.

En plus selon l’article deux, Hassan Ibn Ali pouvait librement administrer la société islamique après la mort de Mouawiyya. Et comme Mouawiyya avait environ trente ans de plus que l’imam Hassan[35] et il traversait la vieillesse. Et normalement, on espérait qu’il ne vive plus longtemps. Ce qui laisse comprendre que l’imam avait bien calculé et les choses étaient à l’avantage de l’islam et des musulmans.

Les autres articles de l’accord insiste chacun sur un élément important. Car on ne pas minimiser la valeur des engagements que l’imam avait poussés Mouawiyya à prendre dans un contexte où le prince des croyants était impunément injurié et insulté lors des cérémonies des prières de vendredi, un acte d’innovation qui commençait à s’encrer dans les mœurs, pendant que ses chiites étaient l’objet de persécution et de torture.

Rassemblement à Koufa

Lorsque le traité de paix devint effectif, les deux parties accompagnées de leurs forces entrèrent dans Koufa et se réunirent dans la grande mosquée de cette ville. Les gens s’attendaient à ce que les clauses du traité soient solennellement confirmées par les leaders des deux parties par une série de discours afin de lever toute suspicion dans sa mise en application.

Cette attente était justifiée et les discours faisaient partie du programme du traité de paix. Mouawiyya s’installa sur la chaire et fit un discours dans lequel il n’avait non seulement pas fait allusion à une quelconque volonté de respecter les conditions de ce traité, mais il se permit même d’avancer des propos provocants et humiliants: «Je ne vous ai pas combattu parce que vous priez, vous faites le Hajj et vous vous acquittez de la zakat. Comme je sais que vous faites tout cela, j’ai voulu vous combattre dans le but de vous soumettre afin de gouverner sur vous. (Il ajouta): «Sachez que la moindre condition et le traité que je signe avec Hassan Ibn Ali sont sous mes pieds et ne représentent aucune valeur».[36] C’est ainsi que Mouawiyya piétina ses engagements et viola publiquement le traité de paix.

Les exactions de Mouawiyya

En annonçant cette ligne politique Mouawiyya ne faisait non seulement pas preuve de modération, mais il ajoutait encore un crime de plus à se exactions. Il avait encore plus que par le passé encouragé l’initiative anti islamique d’outrage sur la mémoire de l’imam Ali. Il avait rendu plus difficile la vie aux chiites et compagnons loyaux de l’imam Ali. Il a assassiné des hautes personnalités comme Hajar Ibn Adi et biens d’autres figures de marque de l’islam. L’élimination et les représailles contre les partisans de l’imam Ali ont été accentuées. Si bien que les chiites étaient en quelque sorte en prison, sous surveillance en exile où ils vivaient sous pression, privés de la liberté d’expression. Non seulement Mouawiyya n’a jamais honoré l’article relatif au respect de la dignité de l’imam Ali (as), il n’a pas aussi garanti le fond de caisse exigé par l’imam Hassan (as). Tabari déclare à ce sujet: «Les gens de Basra ne donnaient pas leur cotisation du fond de caisse destiné à la famille du prophète, arguant que cet argent appartenait à la trésorerie et donc leur revenait de droit»[37]

Ibn Athir écrit aussi: «Les habitants de Basra sous injonction de Mouawiyya refusaient de verser leur cotisation pour le fond de caisse destiné au Ahl-ul-bayt»[38]

Eveil de la population

Il était nécessaire que le peuple épuisé par de nombreuses guerres se réveille, surtout que les gens soumis aux ordres des chefs de tribu envoutés pas les fausses promesses de Mouawiyya montraient chaque jour des signes d’hostilité vis-à-vis du moindre affrontement. Le peuple avait compris que leur inquiétude par rapport aux conséquences de la guerre et leur soumission aveugle à leurs chefs corrompus par Mouawiyya les avaient induit en erreur. Cette prise de conscience vient surtout du fait que les gens voyaient de leurs propres yeux vers quel destin leur attitude les menait dangereusement. Il était vraiment temps que les musulmans réalisent le danger que représentait la dynastie omeyade et les persécutions de toute sorte qu’elle exerçait. De toutes les façons, l’imam Hassan (as) et ses compagnons avaient fait ce qu’il fallait pendant cette phase critique de l’histoire. Ils avaient dévoilé les exactions et préparé les esprits à saisir la réalité afin de réagir. L’imam n’avait donc pas signé le traité de paix pour se défaire de ses responsabilités. Il voulait entamer le combat sur un autre front.

Manifestement les événements qui se sont déroulés après les accords de paix ont contribué à secouer les Irakiens. Tabari écrit: «Après les accords de paix, Mouawiyya installa son campement dans la localité de Nakhliyya au environs de Koufa. C’est alors qu’un groupe de Khawâridje s’insurgea contre lui et entra dans la ville de Koufa. Mouawiyya dépêcha une unité des troupes syriennes pour les combattre. Mais elle essuya une défaite. Mouawiyya ordonna ensuite aux Koufites de mater les Khawâridjes sinon ils ne seront jamais en sécurité.[39]

Les Irakiens qui n’étaient pas près à combattre pour l’imam Hassan se virent contraints d’affronter les Khawâridjes sous l’ordre de leur ennemi commun. Donc ils n’ont même pas vécu en paix sous le règne de Mouawiyya comme ils le souhaitaient.

Politique de menace et de famine

Mouawiyya avait entrepris un plan inhumain (qu’on peut appeler «stratégie de la menace et la faim») qu’il appliquait sur les Irakiens. Ils vivaient sous une pression générale d’un coté et de l’autre Mouawiyya les avait privés de leurs droits élémentaires. Le grand savant sunnite Ibn Hadid écrit: «Les chiites étaient persécuté et exterminé quel que soit l’endroit où ils se trouvaient. On coupait les mains et les pieds des gens par simple soupçon d’appartenance au chiisme. Toute personne qui avait de l’affection pour la famille du prophète était emprisonnée, ses biens étaient pillés et sa maison détruite. La persécution contre les chiites avait atteint son paroxysme. Une simple marque d’affection pour Ali était un crime aussi grave que l’hérésie ou l’apostasie qui entrainait de lourdes conséquences. LA situation des Koufites s’était aggravée avec cette politique de violence. Tout simplement parce que Koufa était considérée comme le fief des partisans d’Ali (as). Mouawiyya nomma Zyad Ibn Someyya comme gouverneur de Koufa. Il lui confia aussi le commandement de la ville de Basra. Zyad qui faisait partie des rangs d’Ali (as) et qui était connu de tous se lança dans la persécution des chiites. Il les traquait dans le moindre coin et les tuait. Il menaçait d’autres en disant qu’il allait leur couper les mains et les pieds ou leur ôter la vue. Il pendait d’autres et contraignait les chiites à se disperser pour qu’il n’y ait plus de trace du chiisme dans la ville de Koufa.

Le paroxysme des persécutions a Koufa et Basra

Comme on l’a évoqué, la population de l’Iraq et celle de Koufa en particulier était soumise à une intense pression. Au cours de leurs visites les gens n’osaient même pas se livrer leur secrets devant les serviteurs de ceux en qui ils avaient confiance, à moins de les sortir ou de prendre d’eux le serment qu’ils ne les dénonceront pas. Mouawiyya avait ordonné à tous ses gouverneurs et sujets de ne pas accepter le témoignage d’un chiite. Il écrit ceci dans un décret: «Si deux personnes témoignent et que l’un d’eux est un partisan d’Ali ou de sa famille, supprimez son nom de la liste des bénéficiaires de la trésorerie».[40]

Zyad qui régnait tour à tour sur Koufa et Basra tous les six mois avait nommé Samoura ibn Joundab pour le remplacer à Basra et gérer les affaires de la ville pendant son absence. Durant cette période Samoura avait tué 2000 personnes. Zyad lui demanda s’il ne craignait pas avoir tué un innocent parmi ces gens? Je n’éprouve ni regret ni peur, répondit Samoura, et je tuerais le double s’il le fallait. Abou Çar Adawi déclare: «Samoura extermina un jour au cours de la matinée 47 membres d’une même famille tous des mémorisateurs de Coran».[41]

Le traité de paix prélude du soulèvement de l’achoura

Ces événements tragiques avaient secoué la ville de Koufa et dévoilé la vraie facette du régime omeyade à un certain niveau. Cela avait poussé les gens à sortir un peu de leur lassitude parce qu’ils avaient saisi la nature du régime omeyade alors que leurs chefs bénéficiaient des mannes du traité de paix et nageaient dans les dons généreux de Mouawiyya. La population commençait à prendre conscience de la nature de ce gouvernement injuste et tyrannique qu’elle avait elle-même établi.[42]

Mouawiyya nomma Mouguira Ibn Sho’ba comme gouverneur à Koufa et Abdellah Ibn Amrâ à Basra, une ville que cet homme avait quitté après la mort d’Ousmane. Mouawiyya s’est lui-même installé en Syrie et de là il gérait les affaires.

Les Irakiens se rappelaient le temps d’Ali (as) et s’attristaient sérieusement. Ils s’en voulaient terriblement de n’avoir pas soutenu Ali et aussi d’avoir accepté ce traité de paix entre eux et les Syriens. Ils se reprochaient mutuellement leur mauvais comportement quand ils se rencontraient. L’un demandait à l’autre ce qui va se passer et ce qu’il faut faire. Quelque années n’étaient pas encore passées que les délégués faisaient les vas et vient entre Koufa et Médine dans le but de voir Hassan ibn Ali (as), discuter avec lui et écouter ses directives.[43]

Manifestation du désir de se soulever

La société n’avait pas encore atteint le niveau de perception et de prévision pour comprendre le but que visait l’imam à travers le traité de paix. L communauté islamique de cette époque sombrait encore dans des rêveries et les faux espoirs que l’esprit de défaite les avait infligés. L’imam voulait préparer l’opinion publique pour un soulèvement contre la dynastie omeyade. Il voulait donner l’occasion aux gens de réfléchir pour saisir la nature du régime omeyade. C’est pour cela qu’il dénonçait partout les agitations des tyrans et tirait l’attention sur le non respect des principes de l’islam.[44] Les gens se sentaient de plus en plus prêts à se soulever et les notables irakiens multipliaient les ballets auprès de l’imam Hossein (as) pour qu’il se révolte.[45]

Le reflet des événements à Médine

Après le martyr de l’imam Hassan (as) et l’accession de l’imam Hossein (s) à l’imamat, des nouvelle sur les exactions de Mouawiyya circulaient dans Médine et faisaient l’objet de conversation dans presque tous les rassemblements organisés par l’imam qui avait invité les notables de l’Iraq, du Hijaz et d’autres régions de la nation islamique.

Par exemple, lorsque Hajar ibn Adî et ses compagnons furent assassinés par Mouawiyya, les notables de Koufa vinrent informer l’imam Hossein. La diffusion de cette nouvelle dans la ville suscita un sentiment de mépris des vrais croyants. C’est la preuve qu’un mouvement organisé anti omeyade émergeait progressivement grâce à l’action du petit groupe des compagnons loyaux de l’imam Hassan (as). Ce groupe s’employait à réveillé les gens en dénonçant les atrocités des omeyades et préparer les esprits vers un soulèvement.[46]

Pourquoi l’imam Hassan (as) a signé les accords de paix mais l’imam Hossein (as) s’est soulevé?

Jusqu’ici la question sur le secret du traité de paix de l’imam Hassan (as) a été élucidée. Mais il reste une dernière préoccupation qui mérite d’être soulevée: Pourquoi l’imam Hassan (as) mais l’imam Hossein (as) s’est soulever? Si la paix était une bonne initiative pourquoi l’imam Hossein (as) n’a pas fait la paix avec Yazid? Et si c’est la guerre qui est mieux pourquoi l’imam Hassan (as) n’a pas fait la guerre? Il faut trouver la réponse à cette question dans la variation des circonstances entre l’époque des deux imams (as) ainsi que la personnalité de Mouawiyya et Yazid. Voici quelques différences dans les méthodes de Mouawiyya et Yazid:

Les ruses de Mouawiya

Durant son règne, Mouawiyya s’efforçait de donner une image islamique à son gouvernement au moyen de diverses ruses et stratégies de manipulation de masse. Il s’arrangeait pour empêcher l’opinion publique de constater qu’il avait dévié de la trajectoire correcte de l’islam. Bien qu’il eut altéré l’islam et substitué le vrai califat absolu et non partisan par le règne de l’aristocratie omeyade, Mouawiyya avait gardé en apparence un peu d’attitudes islamiques. Il appliquait les préceptes islamiques en apparence et ne voulait pas laisser disparaitre de la société cette parodie d’islam. Comme il savait parfaitement qu’il régnait sur les gens au nom de la religion et du califat islamique, il évitait de commettre en public tout ce que les gens assimileraient comme anti islamique. Il donnait à ses actes une couleur islamique afin de consolider une harmonie avec son autorité. Il exécutait dans le noir les actes qu’on ne pouvait interpréter avec la religion.

En plus, il était particulièrement futé dans l'art de résoudre les problèmes avec une méthode propre à lui que son fils n'avait pas. Ces deux situations rendaient moins évidente la victoire de tout soulèvement durant le règne de Mouawiyya. Car l'opinion publique n'avait pas encore un jugement juste sur l'idée d'une révolte contre les omeyades. Le mépris vis-à-vis de ce régime n'avait pas encore atteint le niveau approprié puisque les gens n'avaient pas encore réalisé le degré de déviation de Mouawiyya par rapport à la ligne droite de l'islam. Le moindre affrontement entre l'imam Hassan et Mouawiyya aurait été assimilé à un simple conflit d'intérêts personnels pour la conquête du pouvoir et non une lutte pour rétablir la vérité.

Le contexte inapproprié

Comme nous l'avons vu, le contexte politique à l'époque de Mouawiyya n'était pas favorable pour qu'un réformateur entreprenne directement une action pour sagement orienter la société. La situation était telle que tout réformateur devait ouvrir l'œil sur les activités des dirigeants pervers corrompus et réagir à la moindre occasion en tenant compte des moyens à sa disposition et de l'attitude des hommes qui l'entourent ainsi que de la réaction de l'ennemi. Le seul moyen idéal pour faire triompher "la vérité dominée" sur "la ruse dominante". Tel est le grand problème de l'époque de l'imam Hassan (as). Ce qu'on connaissait jusqu'ici sous le nom de martyr n'avait plus d'effet qu'il produit d'habitude. Comme bien d'autres phénomènes, le martyr doit réunir certains nombre de conditions pour produire l'effet escompté afin d'élever l'engagement sincère du candidat au martyr et en faire un symbole marquant pour la société qui sentira le sang du martyr couler dans ses veines.

Les preuves historiques montrent que si l'imam Hassan (as) s'était engagé dans un combat contre Mouawiyya avec une armée aussi faible moralement, il n'aurait pas réussi et Mouawiyya de son coté n'allait non plus le tuer pour en faire un héro martyr. Mouawiyya accentuait ainsi la pression sur l'imam pour rendre la pièce à la famille du prophète (ç) en faisant capturer l'un de ses enfants par la même armée islamique qui a rendu la vie difficile à ses pères. L'imam ne serait pas mort martyr s'il avait perdu face à Mouawiyya. Celui-ci l'aurait fait prisonnier et il allait finalement disparaitre mystérieusement. Une perte qui guettait le front de la vérité à cette époque.

Si L'imam Hassan perdait la bataille contre Mouawiyya, ce dernier allait lancer une vaste offensive sur les villes musulmanes comme la Mecque, Médine, Basra et bien d'autres contrées sous contrôle de l'imam Ali (as) et son fils Hassan (as). Le nombre de morts allait être plus élevé que ce qui s'est passé à Karbala. C'est ce à quoi l'imam fait allusion lorsqu'il parle de protéger le sang.[47]

C'est probablement pour cette raison que l'imam Hossein (as) est demeuré près de dix ans (entre l'an 50 et l'an 60 hégire) sans se révolter après l'assassinat de son frère. Il comptait les jours et attendait l'occasion idéale tout en préparant l'opinion publique. Rien ne garantit à ce moment que sa révolte aurait produit le résultat attendu au sein de la communauté islamique.

Yazid, figure dégoutante dans la communauté islamique

La situation se présentait plutôt autrement en ce qui concerne Yazid. En effet (comme nous le verrons dans la biographie de l'imam Hossein (as)), Yazid était un jeune homme nono seulement immature en politique, il n'arrivait même pas à faire semblant de respecter la religion islamique pour laquelle il s'apprêtait à gouverner. Yazid était un jeune immature, jouisseur, arrogant à la vision très courte.

Avant d'arriver au pouvoir, il n'a pas su garder la marge islamique minimale (comme son père) après avoir accédé au pouvoir et montrer du moins en apparence qu'il est un homme religieux. Non! Les vices et les bassesses avaient pris le dessus sur lui et il piétinait même publiquement les valeurs islamiques sacrées qu'il faisait précéder par ses jouissances. Il consommait publiquement l'alcool et commettait les péchés en public. Yazid était politiquement immature qu'il trahissait la vraie nature du régime omeyade caractérisé par une animosité inconciliable contre l'islam et le désir de restaurer l'aristocratie de l'époque sombre avant l'islam.

Le vil comportement de Yazid n'était plus secret pour tout le monde qui ne voyait pratiquement pas en lui les qualités et les compétences d'un calife pour la communauté islamique. Les mercenaires du régime omeyade ne pouvaient pas détourner le soulèvement de l'imam Hossein (as) et tromper l'opinion publique. En effet, les gens voyaient eux-mêmes le comportement de Yazid totalement incompatible avec les normes religieuses. Ce comportement constituait déjà un argument solide pour l'insurrection et le renversement d'un tel régime. Dans de telles conditions, les gens considéraient le soulèvement de l'imam Hossein (as) comme la révolte du fils du prophète (ç) contre le faux gouvernement dans le but de préserver l'islam et non un vulgaire conflit politique pour le contrôle du pouvoir;

Emergence du mouvement

L'autre cause du soulèvement de l'imam Hossein (as) se trouve dans l'éveil des consciences et l'action croissante de l'appel des chiites après le traité de paix de l'imam Hassan (as).

En effet, le mouvement anti omeyade amorcé après la signature du traité de paix s'amplifiait au jour le jour et étendait l'influence. Involontairement ou non, la politique de Mouawiya aggravait la situation et renforçait ce mouvement de protestation. Car après la mort de l'imam Hassan (as), Mouawiya ne voyait aucun obstacle devant lui, ce qui l'a encore poussé à rendre la vie plus difficile au peuple, surtout les chiites et les suiveurs de l'imam Ali (as). Il ne reculait devant rien et accentuait la Tyrannie et l'oppression sur les musulmans.

Les exactions repetées de Mouawiya, la violation des droits des musulmans, es invasions et les massacres perpétrées par ses soldats sur les musulmans innocents dans plusieurs régions (violation flagrante des clauses du traité de paix) l'exigence d'allégeance pour Yazid et finalement l'assassinat de l'imam Hassan (as) sont tant d'actions qui ont démasquées et affaibli les omeyades. Ces évènements ont encore renforcé la solidarité dans les rangs des chiites et le sentiment anti-omeyade. Le soulèvement de l'imam Hossein se dessinait ainsi peu à peu. Le docteur Taha Hossein un éminent écrivain égyptien écrit ceci après avoir exposé la pression de Mouawiya sur les chiites après le traité de paix: "Durant les 10 dernières années du régime de Mouawiya, la mobilisation des chiites s'agrandissait et leur appel s'étendait davantage à l'Est du territoire islamique, si bien qu'à la mort de Mouawiya, une bonne partie de la population, plus particulièrement les Irakiens le maudissait et considéraient l'affection pour les Ahl-Ul-bayt comme une obligation religieuse.[48]

Ainsi, la communauté islamique avait suffisamment comprise le vrai visage du régime omeyade et gouté ses tortures. Les gens étaient au courant des différentes violations des droits des musulmans par les omeyades. Le masque que portait ce régime avant était tombé et on a découvert qu'ils étaient vraiment. Avec la mort de Mouawiya et la prise de conscience de la société islamique, tout ce qui empêchait un vrai soulèvement contre les omeyades était ouverte et c'est à ce moment que l'imam Hossein ibn Ali avait infligé un coup dur à l'appareil omeyade et réalisait cette révolte sans pareil.

Soulèvement inspiré

Le soulèvement de Hossein ibn Ali (as) a entrainé d'énormes mutations dans la société islamique. Cela a changé la situation et accentué le sentiment d'aversion vis-à-vis des omeyades; ce soulèvement a déclenché une succession d'insurrections et de révoltes telles que le soulèvement des Tawwabine, le soulèvement des Médinois, la révolte de Moktar Sakafi, la révolte de Zayd ibn Ali ibn Hossein (as) et bien d'autres grandes révoltes. On n'aurait pas obtenu un tel résultat si cette révolte s'était produite à l'époque de l'imam Hassan (as).

Hossein ibn Ali (as) a poursuivi l'œuvre de son grand frère. L'imam Hassan (as) a excellemment enduré les agissements des fanatiques et des moins avertis et signé le traité de paix, une preuve qu'il maitrisait bien le contexte de son époque. Il a préparé les gens à la révoltez et permis à son frère Hossein de lancer une offensive contre la perversité.

Différence entre les compagnons

Au-delà de la différence entre le temps de l'imam Hassan (as) et l'imam Hossein (as) cela a déjà été abordé. Il faut aussi tenir compte de la différence entre les compagnons de ces deux imams. Nous avons vu dans les pages précédentes que l'armée de l'imam Hassan (as) s'est éparpillée seulement après avoir entendu une rumeur. Certains avaient pillé la tente de l'imam et volé même le tapis sur lequel il posait ses pieds. Nous avons vu que ceux qui s'apprêtaient à combattre l'ennemi aux côtés de l'imam Hassan (as) et donner leurs vies se sont retrouvés pris au dépourvu.

A présent, comparez les avec les compagnons de l'imam, Hossein (as) qui la nuit d'Achoura disait: " Par Dieu nous ne nous séparerons jamais de toi même si nous savons que nous allons être tués, puis ressuscité, puis tués à nouveau et que notre cendre sera emportée par le vent. Nous ne nous séparerons jamais de toi même si cela se répète 70 fois, nous ne nous séparerons jamais de toi jusqu'à ce que nous donnions nos vies dans cette voie. On ne meurt qu'une fois certes mais ce martyr est source d'honneur et de bonheur eternel"

Oui! Avec ce genre d'homme on peut célébrer le martyr dans l'histoire et vivre un évènement grandiose comme l'Achoura, et non des gens avec qui on aura jamais la victoire et le martyr, mais plutôt des hommes qui livrent à l'ennemi les gens poings liés, faisant d'eux des prisonniers et des déshonorés.

C'est pour cela l'imam Hassan avait changé de tactique dans le combat. Il y a eu en d'autres termes changement de plan et non changement de direction. Les hommes de justice ont toujours combattu le faux que ce soit sur la scène d'Achoura, que ce soit dans les ruelles et les mosquées de Koufa, Médine ou dans la prison de Bagdad…

L'imam Hassan avait dans la ligne de mire Mouawiyya, le plus grand obstacle pour la propagation de la vérité et la justice. Il manoeuvrait la situation tantôt par le recours à la force, tantôt par l'apaisement et la paix.[49]

Deux visages pour un même message

Allamah Sharafoudine Amili précise ceci dans la préface de " Traité de paix de Hassan" de Sheikh Razi Aali Yâsine: "… L'imam Hassan cherchait surtout à démasquer ces tyrans afin qu'on connaisse leur vraie nature. Un moyen efficace pour éviter que le message de son grand-père ne se retrouve bafoué par les plans tissés. Cet objectif de l'imam fut atteint car le masque avait quitté le visage abominable des omeyades pour exposer leur dépravation aux yeux de tout le monde. (Dieu merci pour cette bénédiction. C'est grâce à la manière dont son grand frère a mené les choses que l'imam Hossein a réussi cette révolution et permis aux gens de comprendre la vérité et tirer des leçons.

Ces deux frères reflétaient deux visages pour un message. La responsabilité et l'action de chacun sont équivalentes et fonction des circonstances et du contexte en ce qui concerne l'endurance, l'accomplissement de la mission, la persévérance et la détermination. Hassan était prêt à donner sa vie et Hossein était encore plus animé par le sens du sacrifice que son frère. L'imam Hassan (as) a donné sa vie dans un combat silencieux et lorsqu'il fallait briser le silence, l'évènement du martyr de Karbala s'est produit. Un martyr tout d'abord Hassanite avant d'être Hosseinite.

Vue par les penseurs plus sages, le sacrifice accompli pendant "les jours de silence" parait plus enraciné que celui "des jours de l'Achoura" sur la scène du sacrifice, l'imam Hassan a joué ce jour le rôle d'un héros confiant et déterminé d&ans un personnage déchu et vaincu. C'est pourquoi l'honneur du martyr de l'Achoura revient d'abord à l'imam Hassan (as), puis à l'imam Hossein (as). Les bases du soulèvement de l'Achoura ont été jetées par l'imam Hossein (as) qui fait porter des fruits. La victoire sanglante de l'imam Hassan (as) passe par le fait qu'il a dévoilé la vérité avec patience et sagesse. C'est sous la lumière de cette action que l'imam Hossein (as) a acquis cette victoire éclatante. Un peu comme s'ils étaient accordés sur un mime programme (pour dévoiler la vraie nature anti islamique des omeyades) et que chacun devait jouer un rôle détenu. L'imam Hassan devait faire preuve de patience et d'endurance pour que son frère vienne couronner les choses par une révolution et un soulèvement digne afin d'aboutir à un même but. C'est après ces deux évènements (le traité de paix de l'imam Hassan et le soulèvement de Karbala) que les gens se sont réveillés et commencés à réfléchir sur les questions, les évènements et la mauvaise nature de Bani Omeyade…" (Solh imam Hassan, Sheikh Aali Yasine, traduction de Sayyed Ali Khamenei institut Asia, 1354, introduction, page 20-21)

On peut donc dire que l'imam Hossein aurait fait la même chose s'il se trouvait dans le même contexte historique que son frère. De même l'imam Hassan aurait suivi le plan de l'imam Hossein s'il avait vécu à l'époque de son frère. Chacun a accompli sa mission historique conformément aux exigences de leur époque. Le noble prophète prédit ainsi sagement ces évènements et déclare au sujet de ses deux petits enfants: "Hassan et Hossein sont deux grands guides pour l'islam, qu'ils fassent la paix à la guerre". Ibn Shahr Achoub écrit: "tous les musulmans reconnaissent que le prophète a dit: "Hassan et Hossein sont des imams que ce soit dans la guerre que la trêve", Manakib Abi Talib, Qom, Maktaba Tabatabai, vol 3, page 394.

La paix ou vertu

Nous terminons ce chapitre par un article publié par un écrivain dans une revue de Téhéran Zan-o-Rouz Dar Ahd Taghout, sans citer l'auteur de l'article.

Le traité de paix de l'imam Hassan ou la trêve avec Mouawiyya semble être la phase la plus difficile de l'évolution de l'imamat dans l'histoire de l'islam. La plus révolutionnaires des trêves dans l'histoire marquée par l'endurance et les peines. Une situation que seul le fils d'Ali (as) pouvait porter grâce à sa grande sagesse et sa foi. Nul ne pourra d'ailleurs le faire. Cette attitude a suscité tellement de questions. Mais malheureusement ceux qui poursuivaient des objectifs personnels et les profanes ont orienté ce grand geste de foi vers l'altération et les suspicions. En effet tous les imams symbolisent la piété et la méthode. Tout le monde exprime la piété, mais la diffère. La méthode d'Ali (as) marquée par en 2 phases par le silence et le cri a été promettante pour la communauté. L'imam Hassan a adopté la stratégie de son père dans un 1er temps et la voie de Hossein se dessinait dans la 2ème phase. Sans le silence, l'imam Ali (as) n'aurait pas eu l'occasion de lancer son cri et son martyr n'allait as produire un résultat fiable. De même si ce n'était pas le traité de paix de son frère, l'écho du cri de l'imam Hossein (as) n'aurait pas autant retenti dans l'histoire. Ceux qui reprochent le manque de sagesse à l'imam Hassan (as) et estiment sous le coup de l'émotion et l'affection qu'il aurait du opter pour la martyrisation et réaliser à Sâbât (nom du lieu du traité de paix, jour du traité, le traité de paix historique de l'imam Hassan (as) en d'autres termes l'Achoura de l'imam Hossein (as)) une autre révolution se triomphe.

Le choix stratégique de lutte le plus efficace

Certes supporter le martyr était plus facile pour l'imam Hassan (as), mais comme tous les autres imams, il songeait comment faire pour préserver l'islam et les musulmans en optant pour un choix et une stratégie de combat plus efficace.

Si on cherche un peu, on verra que le traité de paix était l'unique stratégie à adopter car soit l'imam choisissait rester en vie pour relayer le message, soit mourir tête haute. L'imamat n'aurait pas suivi normalement son cours si l'imam Hassan avait dans la solitude opté pour la lutte armée et mourir martyr pour son frère. Il n'aurait entrepris ce mouvement même s'il disposait de 72 compagnons loyaux comme son frère. Lorsqu'il s'est retrouvé isolé de tout côté par l'ennemi à qui même sa femme obéissait, l'imam Hassan (as) n'avait que la trêve comme alternative, surtout que ses officiers étaient prêts à le livrer à Mouawiya pieds et poings liés. Hossein était la seule personne en qui il avait confiance et l'évènement de l'achoura l'attendait aussi dans l'avenir, ce serait injuste de ne pas reconnaitre le martyr de Karbala a commencé avec l'imam Hassan (as).

Sans aucun doute, le soulèvement de l'imam Hossein (as) n'aurait réussi si l'imam Hassan n'avait pas fait la trêve avec Mouawiya. Sans la condition d'Hassan selon laquelle Mouawiya ne devait pas désigner de successeur après lui, l'imam Hossein (as) n'aurait pas eu de base pour se révolter et ses compagnons allaient manquer de justification.[50]

Sâbât et Achoura, démystification de l'ignorance des omeyades

La communauté de cette époque avait bien réalisé l'ignorance acariâtre des omeyades lorsqu'elle s'est retrouvée entre les deux évènements de Sâbât et d'Achoura. Elle a constaté que l'imam Hassan (as) avait fait la paix, mais Mouawiya n'avait respecté aucune des 5 clauses de l'accord. Mouawiya n'a pas géré la communauté conformément au coran et la sunna du prophète (ç), il n'a pas réuni le pouvoir aux vrais ayant droit, il n'a pas cessé d'insulter et d'offenser la mémoire d'Ali (as), il n'a pas versé le fond de caisse et les musulmans suiveurs d'Ali (as) n'ont jamais été à l'abri des persécutions…Finalement il a empoisonné l'imam Hassan (as)

Le plus grand symbole de la volonté et l'impuissance

Grâce à la protection silencieuse de Hassan (as) et au soulèvement crié de Hossein (as), les points sombres se sont éclaircis et les mentalités se sont éveillés. La consternation qui bouillonnait dans Hassan (as) pour l'islam a explosé en Hossein (as). Hassan (as) était le grand symbole de la volonté et l'impuissance. Un soldat qui réalisait des prouesses et qui a été toujours aux côtés de son père à qui il tient tout, s'est retrouvé dans l'obligation de solliciter la paix lorsque l'intérêt du message s'est placé au centre de l'imamat.

La beauté du geste d'Hassan se manifeste sur ce point. Il a fait un grand pas vers les reformes. Il a fait prévaloir l'éthique l'amour et la reforme au moment où régnaient le désordre et les armes. Il a opté pour la paix au début du parcourt. Son combat s'est déroulé sur un front très large avec plusieurs visages. Il a utilisé à la fois l'armée et la tranchée dans son combat contre l'ennemi. Il devait aussi affronté les complots et les ruses. Il a fait appel au rappel et à la réconciliation dans le combat contre les compagnons des hypocrites. Un simple regard sur le combat de cette victime de l'injustice toute objection sera excuse et tout reproche devient éloge.


[1] Tarikh ul kholafâ, Bagdad, éditions Maktaba Mathnâ, vol 3, page 189

[2] Behar ul anouar, Allamah Majelisi, Téhéran, Maktabatul islamiyya, 1393, hégire lunaire, vol 43, page 333

[3] Tarikh ul Kholafâ de Souyouti, p 3

[4] Manâqib ul Ali ibn Abou Talib, Ibn Shah Ashoub, vol 4, p 21; Tarikh Yakoubi Ibn Wâdheh, Manshourât ul maktabat ul heidariyya, 1384 hégire lunaire, vol 2, p 170; Al imamat wa siyâssa, Ibn Qoteyba Deinouri, 3ème édition, le Caire, Maktabat ul Mostapha al Bâbi Hilli, 1382 hégire lunaire, vol 1, p 67

[5]Al akhbâr at tawâl Abou Hanifa Deynouri, 1ère publication, le Caire, Daroul ihyâ koutoub arabi, 144 – 145; Al kâmil fi tarikh, Ibn Athir, Beurouth, darul sâdeer, vol 3, o 231

[6] Mawqi’at ul Seffine, Nasr Ibn Mazâ’im, 2ème edition, Qom, une publication de Maktaba basirari, 1382, p 113

[7] Sharh ul Nahjul balagha, Ibn Abi Hadid, le Caire, Daroul ihyâh ul koutoubil arabiyya, 1961, vol 11, p 25; discours 200

[8] Ihtijâj de Tabrisi, Najaf, Matba’at ul mourtadhawiyya, p 144 – 150

[9] Ihtijâj de Tabrisi, Matba’at ul mourtadhawiyya, p 156

[10] Sharh ul Nahjul balagha, Ibn Abi Hadid, le Caire, Daroul ihyâh ul koutoubil arabiyya, 1961, vol 5, p 98; Al kâmil fi tarikh, Ibn Athir, Beurouth, darul sâdeer, vol 3, o 409; Kashf ul ghumma fi ma’refatil a’imma d’Ali ibn Issah Irbali, Tabriz, Maktaba Bani Hashim, 1381, vol 2, p 199; Al Kâmil fi lunga wa adab d’Abou Abbas Mobred, 1ère édition Beyrouth, Daroul koutoub al ilmiyya, 1407, vol 2, p 195

[11] Kashf ul ghumma fi ma’refatil a’imma d’Ali ibn Issah Irbali, Tabriz, Maktaba Bani Hashim, 1381, vol 2, p 199; Al Kâmil fi lunga wa adab d’Abou Abbas Mobred, 1ère édition Beyrouth, Daroul maktabat al ilmiyya, 1407, vol 2, p 195

[13] Tarikh Yakoubi, Najaf, Les éditions Maktaba heidariyya, 1384, vol 2, p 206

[14] Beharou Anouar, Allamah Majelisi, Téhéran, Matba’at ul islamiyya, 1383, vol 44, p 1

[15] Mohammad Mahdi Shamsou Dine, Analyse de la révolution de l’imam Hossein (Tawrat ul Hossein), traduction de Mahdi Pishva’i, 2ème édition, Qom, éditions Tawhid, P 197 - 200

[16] Aayeneh islam, traduction persane d’Ibrahim Ayati Birjandi, Société anonyme d’édition, 1339 hégire solaire, p 250 - 251

[17] Maqâtil ul tâlibine, Abou Foutouh Esfahani, 2ème édition, Najaf, Manshourât ul maktabat ul heidariyya, 1385 hégire lunaire, p 39; Sharh ul Nahjul balagha, Ibn Abi Hadid, le Caire, Daroul ihyâh ul koutoubil arabiyya, 1961, vol 16, p 38; Insâb ul ashrâf, Ahmad ibn Yahya Bealazi, 1ère publication, p 60; Recherche de Sheikh Mohammad BAqer Mahmoudi, Beyrouth, daroul ta’parif ul matboû’ât, 1397, p 32

[18] Aali yâsine, Sheikh Razi, Solh ul Hassan, 2ème publication, Manshourât ulmaktabat ul iraqiyya fi kazimiyya, p 102

[19] Al irshâd, Sheikh Moufid, Qom, Manshourât maktabat ul basirati, p 189; Al fousûl momhimma fi ma’refat il a’imma, Sibâgh Maliki, 1303 hégigre lunaire, p 167

[20] Usdu ghâba fi ma’refat il sahâba d’Ibn Athir, les éditions Maktabat ul islamiyya, Téhéran, vol 2, p 13 et 14; Al kâmil fi tarikh, Ibn Athir, Beurouth, darul sâdeer, vol 3, o 406; Behar ul anouar, Allamah Majelisi, Maktabat ul islamiyya, Téhéran, 1393, hégire lunaire, vol 44, p 21; Tazkirat ul khawâs, Ibn Jawzi, Manshourât ul matbû’ât heidariyya, Najaf, 1383 hégire, p 199

[21] Al irshâd, Sheikh Moufid, Qom, Manshourât maktabat ul basirati, p191. La réponse que l’imam avait donné à un chiite va dans ce sens. Répondant à ce chiite qui demandait à l’imam pourquoi il s’était résigné à combattre, l’imam Hassan déclara: «Je jure par Dieu que si je combattait Mouawiyya, les gens allaient me livre à lui (Behar ul anouar, vol 44, p 20)

[22] Yakoubi ne cite pas le nom de Sa’ed Ibn Qays, mais certains historiens ont mentionné leurs noms par ordre.

[23] Abou Foutouh Esfahani, 2ème édition, Najaf, Manshourât ul maktabat ul heidariyya, 1385 hégire lunaire, p 40

[24] Deux fils d’Obeydollah avaient été tués par l’un des commandants sanguinaires de Mouawiyya (Sharh ul Nahjul balagha Ibn Abi Hadid, Le Caire, Daroul ihya koutoub arabiyya, 1961, vol 4, p 14). On espérait au moins que ses hostilités avec Mouawiyya qui avait assassiné ses deux enfants l’empêchent de se comporter ainsi. Mais le manque de volonté qui l’animait le poussa à déstabiliser l’armée de l’imam Hassan et devenir ainsi un grand traitre.

[25] Abou Foutouh Esfahani, 2ème édition, Najaf, Manshourât ul maktabat ul heidariyya, 1385 hégire lunaire, p 42, Tarikh Yakoubi, Ibn Wâdheh, Najaf, Manshourât ul maktabat ul heidariyya, 1384 hégire lunaire, vol 2, p 204

[26] Comme nous l’avons déjà dit, l’armée de l’imam Hassan était composée de différents groupes: un groupe de Kawaridje, un groupe animé par les biens matériels… Il n’est donc pas étonnant qu’ils voulaient éliminer l’imam en pillant sa tente et ses affaires de voyage. Certains crièrent même sur place: «cet homme nous a vendus à Mouawiyya et déshonoré les musulmans! A vous de voir à quel niveau le plus grand des petit-fils du prophète a été l’objet d’injustice!

[27]Tarikh Yakoubi, Ibn Wâdheh, Najaf, Manshourât ul maktabat ul heidariyya, 1384 hégire lunaire, vol 2, p 205. Les historiens ont rapporté différemment l’événement qui s’est soldé par l’assaut et le pillage de la tente de l’imam. Par exemple, Tabari, Ibn Athir, Ibn Hajar Asqalâni écrivent que lorsque Hassan Ibn Ali avait installé son quartier à Madâ’ine, quelqu’un (qui était des rang de Mouawiyya) s’écria: O peuple! Qays Ibn Sa’d a été assassiné! Fuyez! Les gens s’éparpillèrent… (Tarikh Oumam wa mamloûk, Beyrouth Darou Qâmous ul haduth, vol 2, p 92; Al Kâmil fi tarikh, Beyrouth Darou Sâder, vol 3, p 404; al Isâba fi tamyiiz sahâba, 1ère publication, Beyrouth Darou Ihyâ tourâth arabi, 1328 hégire lunaire, vol 3, p 330

[28] Id, Mohammad Ibn Jarih Tabari, p 92; Ousdou ghâba fi ma’refat il sahâba, Ibn Athir, Téhéran, Maktabat ul islamiyya, vol 2, p 14.

[29] Behar ul anouar, Allamah Majelisi, Téhéran, Maktabatul islamiyya, 1393, hégire lunaire, vol 44, page 147; Ihtijâj de Tabrisi, Matba’at ul mourtadhawiyya, p 157

[30] Jalâ’ul uyoune, Sayyed Abdellah Shoubbar, Qom Maktabatou basirati, vol 1, p 345 - 346

[31] Sharh ul Nahjul balagha, Ibn Abi Hadid, le Caire, Daroul ihyâh ul koutoubil arabiyya, 1961, vol 16, p 28

[32] Al kâmil fi tarikh, Ibn Athir, Beurouth, darul sâdeer, vol 3, o 405; Al isti’âb fi ma’refat il ashâb, Ibn Abdou Barr (en sous-page de Al isâba), 1ère publication, Beyrouth, Daroul Ihyâh ul Tourâth arabiyya, 1328, vol 1, p 371; Tarikh Oumam wa moulouk, Mohammad Ibn Jarih Tabari, vol 6, p 93

[33] Le commentaire du traité de paix de l’imam Hassan (as) parait dans l’ouvrage de Sheikh Razi Aali Yasine «Soulh ul Hassan», éditions Manshourât ul Darou Koutoub al iraqiyya fi kazimiyya, p 259 - 261

[34] Cette prédilection est mentionnée dans les ouvrages avec de légères différences; Tazkirat ul Khawâs, p 194; Ousdou ghâba, vol 2, p 12; Nour ul absâr, p 121; Al fousoûl al mohimma d’Ibn Sibâgh Maliki, p 158; Al Isâba, vol 1, p 330; Kashf ul ghoumma, traduction persane, vol 2, p 98; Tahzib ul tahzib, vol 2, p 298, Çâ’iq ul mohriqah, p 82; Al bidâya wa nihâya, vol 8, p 36; Al isti’yâb, vol 1, p 369; Hilyat ul awliyâ, vol 2, p 35; Is’âf ul râghibine (en sous page de al absâr), Mousnad Ahmad ibn Hanbal, vol 5, p 38, 44; Oumdat ul tâlib, p 65; Tabaqât ul kobrâ d’Abdou Wahhab shi’râni, vol 1, p 26; Asbâb ul ahsrâf, vol 3, p 42

[35] Aali yâsine, Sheikh Razi, Solh ul Hassan, 2ème publication, Manshourât ulmaktabat ul iraqiyya fi kazimiyya, p 278

[36] Sharh ul Nahjul balagha, Ibn Abi Hadid, le Caire, Daroul ihyâh ul koutoubil arabiyya, 1961, vol 16, p 15; Maqâtil ul tâlibine, Abou Foutouh Esfahani, 2ème édition, Najaf, Manshourât ul maktabat ul heidariyya, 1385 hégire lunaire, p 45; Al irshâd, Sheikh Moufid, Qom, Manshourât maktabat ul basirati, p 191; Abou Faraj dit: «Mouawiyya prononça ce discours après son entrée dans Koufa.

[37] Tarikh Oumam wa moulouk, Mohammad Ibn Jarih Tabari, vol 6, p 95

[38] Al Kâmil fi tarikh, Beyrouth Darou Sâder, vol 3, p 405

[39] Tarikh Oumam wa moulouk, Mohammad Ibn Jarih Tabari, vol 6, p 95

[40] Sharh ul Nahjul balagha Ibn Abi Hadid, Le Caire, Daroul ihya koutoub arabiyya, 1961,

[41] Tarikh Oumam wa moulouk, Mohammad Ibn Jarih Tabari, vol 6, p 132

[42] L’imam Hassan avait prédit tous ces événements et avait dit aux gens qu’ils allaient broyer le noir, surtout les chiites, si la direction de la communauté tombait entre les mains des Ommeyades. Les musulmans ne comprenaient pas ce que disait l’imam jusqu’au jour où ils ont été confrontés à ces événements tragiques. Lorsqu’ils avaient saisi la situation il était tard car volontairement ou non ils avaient eux-mêmes favorisé la situation qui les avait conduit dans ce malheur.

L’imam Hassan (as) évoque ces événements sombre à venir dans un discours qui déjà été détaillé dans les pages précédentes. «Je suis vraiment étonné de voir un peuple qui n’a ni religion, encore moins la honte et l’honneur. Pauvre de vous autres! Mouawiyya ne respectera aucun des promesses qu’il a faites pour que vous me tuiez. Si je donne l’allégeance à Mouawiyya, J’accomplirai mieux mes obligations qu’aujourd’hui. Et si les choses tombent entre les mains de Mouawiyya, il ne laissera jamais s’appliquer la religion de mon grand-père dans la société. Je jure par Dieu à cause de votre désistement et votre manque de loyauté je me suis retrouvé dans l’obligation de céder la gestion des affaires des musulmans Mouawiyya. Mais sachez que vous ne serez jamais heureux sous l’autorité des Omeyades. Vous serez l’objet de toute forme de tortures et menaces. Je suis déjà en train de voir demain vos enfants debout devant la porte de leurs enfants quémander de l’eau et du pain. De l’eau et du pain qui appartient à vos enfants et que Dieu avait fait pour eux. Mais les Bani Omeyades s’en accapareront et ils seront privés de leurs droits. (l’imam ajouta) Je n’aurais jamais cédé le califat à Mouawiyya si j’avais des amis prêts à collaborer avec moi pour combattre l’ennemi de Dieu car le califat est illicite pour Bani Omeyade…Je jure par Dieu que les musulmans ne seront jamais dans la tranquillité et le bien-être aussi longtemps que leurs affaires seront entre les mains des Omeyades»

[43] Hossain, Taha, Ali et ses deux enfants, traduit en persan par Arâm Téhéran, Librairie et imprimerie Ali Kabir, 1332 hégire solaire, p 207

[44] On peut dire que le traité de paix était pour Mouawiyya une épée à double tranchants qui se soldait pour lui par l’échec de tous les cotés. S’il respectait les clauses du contrat, les ambitions de l’imam se seraient relativement réalisées, dans le cas contraire, les gens allaient éprouver du dégoût pour le régime omeyade, ce qui allait se solder par un soulèvement général. Et l’imam Hassan contrôlait bien la situation.

[45] Mais l’imam suivait les pas de l’imam Hassan (as). Il leur dit: «La situation actuelle n’est pas propice pour se soulever. La révolte et l’insurrection n’aboutira à rien aussi longtemps que Mouawiyya est vivant»

[46] Analyse de la révolution de l’imam Hossein, Mohammad Mahdi Shamsoudine, traduit en persan par Mahdi Pishva’i, Qom, éditions Tawhid, 1362 hégire solaire, p 178-179

[47] L'imam au cœur de la société, Mohammad Reza Hakimi, les éditions farhang islami, Téhéran, pp 121, 133, 171

[48] Ali et ses enfants, traduction persane d'Ali Khalili, 3ème édition, Téhéran, édition Banghah, presse gutenberg, page 298.

[49] Hakim, le même livre, page 129-130

[50] Certes, il ne faut pas considérer cette section comme absolue.

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