bayyinaat

Publié le temps: 09 ,January ,2018      12:08:47
La justice divine
La justice divine fait partie des croyances fondamentales sur lesquelles tourne la cosmovision iislamique
nouvelles de code: 18

Importance de la justice divine

La justice divine est l’un des sujets à polémique qui a connu des débats animés dès le commencement de l’humanité et elle a été au cœur de l’argumentation depuis le début de l’histoire de l’islam. Chaque fois que l’homme est victime de difficultés et des catastrophes naturelles, il est prit dans un dilemme: S’accroché à sa foi en Dieu et évité en même temps de l’accuser d’être l’auteur de ces phénomènes ou de considérer plus magnanime qu’il est loin de laisser ces choses se produire. Toutefois, pour ressourdre ce dilemme, les hommes ont développé le «culte de types de dieux (Un dieu pour chaque phénomène)» ou «Le dualisme (Le dieu du bien et le dieu du mal)». Ils attribuèrent les calamités au dieu de la destruction au démon ou au dieu rival. Comme les religions ou les écoles idéologiques fondées par les hommes n’ont pas réussi à ressourdre convenablement le problème de la justice divine, elles ont carrément préféré nier l’unicité de Dieu ou verser dans la croyance par contrainte ou le fatalisme.

L’histoire de l’Islam n’a pas été épargnée par cette conception. Après la mort du prophète (s.a.w.a.), la stratégie utilisée par les ennemis de l’islam contre le califat de l’imam Ali (a.s.) avait causé un choc si foudroyant que la communauté islamique ne put réaliser qui était vraiment les héritiers spirituels et mondains de la connaissance prophétique. Conséquence, les musulmans ne savaient plus vers qui se référer pour avoir des solutions quand ils étaient confrontés aux problèmes de compréhension de versets coraniques, de difficultés spirituelles et d’autres doutes sur la foi. Ils s’enfoncèrent alors profondément dans le sable mouvant de la déviation spirituelle et les ténèbres des croyances erronées. Après un bon bout de temps, ils réalisèrent qu’il n’y avait plus moyen de sortir de ce bourbier.

Les choses s’aggravèrent quand les musulmans commencèrent à avoir les débats avec les non musulmans tels que les Juifs, les Chrétiens, les Bouddhistes, les Philosophes Grecs et les Ascétiques. La différence des cultures vint ajouter plus d’épice encore dans les débats et les discussions.

Les plus importantes questions et objections sur la croyance tournent autour de la justice divine. Beaucoup d’arguments et d’avis ont été avancés les problèmes mentionnés ci haut sont à l’origine de tous ces mécontentements. Pour essayer d’apporter la solution au problème, beaucoup de théories ont été développées, les écoles de pensées virent jour, laissant ainsi les germes qui ont servi de base à la naissance de plusieurs sectes en Islam dont les branches sunnites les plus importantes sont: les Mo’tazilites et les Asha’irites. Pendant que la première croit en la liberté absolue de l’homme (تفويض), la dernière milite plutôt pour le fatalisme et le déterminisme (جبر).


La notion de justice et son importance

Dans le lexique Arabe, le mot «Adl» se définit comme ‘Mettre quelque chose à sa place’ ‘وَضْعُ الشَّيْءِ فِيْ مَوْضِعِهٖ et ‘Respecter les droits d’autrui’ ‘اِعْطَاءُ كُلِّ ذِيْ حَقٍّ حَقَّهٗ. Alors quand un enseignant donne plus de note à un élève faible ou moins de note à un élève intelligent et travailleur, il commet l’injustice et ne se montre pas juste et honnête. Car l’étudiant paresseux mérite l’échec et l’étudiant travailleur le succès.

La justice et l’oppression sont des concepts naturels dont tout le monde est conscient. Tout le monde dans sa nature aime la justice et déteste l’injustice.

La nature de l’homme n’acceptera jamais un Dieu injuste envers ses serviteurs et créatures, un Dieu qui passe son temps à les opprimer.

L’oppression et l’injustice sont les conséquences de l’imperfection, l’incapacité, la faiblesse, le défaut, la convoitise et d’autres manques. Or toute l’existence sacrée de Dieu est dénuée de défaut et d’imperfection.

Renier ne serait-ce qu’une seule implication de la croyance en la justice divine, est synonyme de renier entièrement le concept. Les implications de la justice divine sont :

(1) Il faut mettre les gens au courant avant de punir. Dont si Dieu punit ses serviteurs sans leur faire savoir que c’est à cause des conséquences de leur action, alors ce qu’il est injuste envers eux.

(2) Les punitions s’appliquent seulement sur des actions volontaires. Ainsi, si quelqu’un commet un acte involontairement ou alors est forcé à agir ainsi, sans avoir aucun contrôle pour ne pas perpétrer cette action, le punir serait considéré comme une injustice. Ce point aboutit à la racine de tous les débats dans la justice divine. Toutes les questions sur la liberté des actes, des contraintes et le rôle de l’homme dans ses propres actions émergent à partir de ce point.

(3) Les récompenses et les punitions en accord avec les actions soutiennent les conséquences de la justice divine.

(4) Le respect de la promesse est une autre nécessité de la justice divine et preuve de la sagesse de Dieu. Cela devient clair quand quelqu’un se refaire au sens littéral de la justice (comme nous l’avons déjà mentionné: Mettre quelque chose à sa place ou donner à quelqu’un son droit). Il n’y a aucune autre preuve exigée pour ceci car la signification littérale de la justice suffit pour établir ce point. Le prince des croyants Ali Ibn. Abi Talib (a.s.) et l’Imam Sadiq (a.s.) décrivent ainsi avec éloquence la justice divine dans une courte traduction :

اَلْعَدْلُ اَنْ لَا تَتَّهِمَهٗ

La justice divine consiste à ne pas traiter Allah d’autoritaire en lui attribuant n’importe quel mauvais acte perpétré par les hommes.[1]

Allah ne doit pas être considéré comme un oppresseur ou un tyran. Si quelqu’un ne croit pas en ceci, alors il accuse Allah d’oppression et de tyrannie.

Bien que la justice soit l’un des nombreux attributs d’Allah dans l’école de pensée chiite, elle est énumérée indépendamment tout au long de l’unicité de Dieu. La raison de cette spécialité et de cette importance provient du fait que la justice divine est la base de la mission prophétique et du jour du jugement. L’établissement de la justice entre le croyant et le mécréant est l’une des grandes preuves du jour du jugement. Tant qu’Allah le miséricordieux est juste, le jour du jugement devient une nécessité. Et aussi, tant que le jour du jugement signifie question et réponse, comment est-il possible de poser des questions quand on n’a pas averti les gens au départ? Ainsi, la justice divine et la croyance en le jour du jugement forment les bases de la mission prophétique. L’imamat est l’actualisation du but de la mission des prophètes. A la lumière de cette discussion, croire en la justice divine fait émerger trois principes de la religion. Nous avons étudié dans le chapitre précédent que ceux qui ne réussirent à ressourdre le problème de la justice, ils préférèrent basculer dans la mécréance, le dualisme et le polythéisme. Ici, l’Imam Sadiq (a.s.) rappelle les deux fondements de la religion comme suit :

اِنَّ أَسَاسَ الدِّيْنِ التَّوْحِيْدُ وَالْعَدْلُ

La religion est en en fait fondée sur l’Unicité et la Justice divine (Adl).[2]


Asha’irite et Mo’tazilite

Après la mort du noble prophète (s.a.w.a.), la prédestination (تقدير) est le problème qui a le plus occupé les esprits. Si le tout miséricordieux a déjà décrété les actes de tout être humains, alors comment est-il possible que l’homme agisse librement de son plein gré? C’est pour dire qu’il est difficile de croire au libre arbitre en même temps que la prédestination. Ceci parce que si Dieu a déjà déterminé toutes les actions de l’homme, la question d’exercer la libre volonté ou de l’autorité ne se présenterait plus. Quoique c’était une question relative à l’intellect de l’homme et qui a eu une grande influence sur les musulmans. Les politiciens de cette époque ont tiré beaucoup d’avantages de cette situation et ajouter à la confusion et à l’augmentation des doutes, la chose s’est développé de manière rapide. Ils avaient mal interprété cette croyance (la croyance en la prédestination). Ils estimaient que Dieu avaient programmé toutes les actions de l’homme. Cette mauvaise interprétation était devenue la meilleure excuse des tyrans pour valider tous leurs mauvais actes.

Tout de même, lorsque les compagnons de JAMAL (ceux qui ont orchestré la guerre de JAMAL) avaient demandé à Aicha pourquoi elle avait occasionné la guerre contre l’Imam Ali (a.s.) et versé le sang de milliers de Musulmans, la réponse qu’ils reçurent fut: "c’était déterminé par Dieu et cela est l’exécution des programmes de Dieu, il y a certains agents et causes”[3]

Ou alors, lorsque les gens protestaient contre Oumar Ibn. Saad en lui demandant pourquoi il avait tué le petit fils du prophète (s.a.w.a) l’Imam Houssein ibn Ali (a.s.), sans aucune raison? L’unique réponse qu’il avait à donner était: "Cela fut décrété au ciel. Je suis désolé de l’avoir tué. J’ai parlé à mon cousin Houssein Ibn Ali (a.s.) concernant l’actualisation du destin mais il refusa d’accepter.”[4]

Ou encore lorsque Mouawiyah désigna Yazid comme son successeur et prit l’allégeance des gens, certains avaient protesté par rapport à cette désignation en disant qu’il était en train d’imposer quelqu’un de lubrique comme dirigeant à la tête de la communauté. Aicha et Abdoullah Ibn Oumar étaient ceux qui étaient le plus contre cela. Mouawiyah justifia cela en déclarant: "Le califat de Yazid fait partie de ces choses que Dieu a prédestiné et lorsque quelque chose est prédestiné par Dieu, personne ne peut s’y opposer.”[5] IL n’y avait pas une autre voie aussi facile pour se déroger des responsabilités.

N’importe comment, comme les gens avaient décidé de garder le guide infaillible divinement nommé loin des activités sociales, et quand les musulmans se sont retrouvés en train de s’enfoncer dans des problèmes intellectuels, les choses étaient arrivées à un point où la majorité de la communauté islamique avait commencé à croire en la réalité de la prédestination. Les savants Ahl-Hadiths (les gens du Hadiths) propageaient ces idées dans tous les sens et ils repandaient ces enseignements à plus grande échelle.

Attribuer tous nos actes (plus particulièrement les actes d’oppressions et de tyrannies) à la prédestination fixée par Allah et mal interpréter le destin au point de croire que la liberté de l’homme lui est ôtée, n’ont pas trouvé d’adepte dans le milieu des gens instruits et des intellectuels. A part d’être contraire à la nature humaine, cette mauvaise interprétation a également produit trois négatives répercutions qui se présentent comme suit :

(1) Cette mauvaise interprétation acquitte tout roi oppresseur et tyran de ses mauvais actes, ses injustices et ses destructions. Et plus encore, cela met tous les blâmes sur le dos de Dieu par rapport aux mauvais actes de ces tyrans. Nous l’avons expliqué dans le second chapitre.

(2) Si l’homme était impuissant, et essentiellement programmé à accomplir les décrets décidés depuis le ciel sans aucune forme de liberté et d’autorité personnelle, alors pourquoi l’envoi de tous ces prophètes (a.s.) et messagers (a.s.)? Est-ce que les prophètes étaient venus pour essayer de changer la prédestination d’Allah? Celui qui est prédestiné pour être mécréant, pourquoi les prophètes sont-ils venus essayer l’appeler vers la foi et la croyance?

(3) Si Allah est l’actuel exécuteur des actions de l’homme et que l’homme est essentiellement un intermédiaire dans ce processus de prédestination, pourquoi est-ce qu’un mécréant et un criminel sont condamnés et pourquoi est-ce que le croyant fait l’objet des éloges? De même, si tout est programmé en avance, alors comment la croyance en l’au-delà et les questions qui y seront posées peuvent être justifiées?

Quoique cette mauvaise interprétation de la prédestination a été propagée par les penseurs Sunnites, encouragés par les dirigeants et les rois de l’époque, il existe un groupe appelé Mo’tazilite qui est apparu et qui s’oppose farouchement à cette idée. Mais dans leur approche, réactionnaire, ses adeptes ont pris l’autre côté extrême en niant carrément toute sorte de divine implication dans les actions de l’homme. Leurs partisans ont rependu l’idée de: «Libre volonté ou libre arbitre absolu (تفويض)». C’est pour cette raison qu’ils ont été nommés ‘Mufawwezah’.

(4) Les Mo’tazilites (معتزلة), dans leurs efforts de purifier Dieu des péchés et de le laver de toutes responsabilités et mauvais actes de l’homme, ont commencé à croire à la liberté d’action absolue de l’homme: «Dieu n’exerce aucune autorité sur l’action de l’être humain». Dans le but de laver Dieu des péchés, ils sont allés jusqu’à la limite du polythéisme. C’est pour cela qu’on les appelait également Ahl-Ul-Tanziya’a (اَهْلِ تَنْزِيْه).

Ce groupe est né au 2ième siècle après l’hégire grâce aux efforts de Waasil Ibn Ataa (décédé en 131 A.H) et d’Amr Ibn Oubayd (décédé en 144 A.H.). Ils avaient reçus le soutient politique durant le règne des califes Abbasides Mamoun, Motasim et Wasiq et cela leur avait aidé à répandre rapidement leur croyance. En guise de résultat, leur opposants avaient connu un parcours plutôt difficile durant cette période. Mais durant le règne de Mutawakkil, tout le scénario avait complètement changé. Une guerre générale avait été engagée contre la tendance Mo’tazilite et une fois de plus la scène politique avait réinstauré la croyance en la prédestination. D’un autre côté, comme les Mo’tazilites avaient perdu le soutien politique, et que leur point de vue n’était plus influant, leur école idéologique subissait au jour le jour le déclin et au 4ème siècle de l’hégire. les Mo’tazilite avaient été complètement déracinés. Finalement dans ce même siècle, les Asha’irites avaient remplacé les Mo’tazilite en prenant sous une nouvelle forme les savants de Ahl-Ul-Hadiths.

Ils étaient complètement monothéistes. Pour se préserver des idées polythéistes des Mo’tazilite, ils attribuaient toutes les actions mauvaises comme bonnes à Dieu et considéraient l’homme comme une créature impuissante. L’homme dans cette conception n’est juste qu’un outil à la disposition de Dieu et qui lui permet de réaliser ce qu’il veut. En essayant de s’éloigner du polythéisme les Asha’irites se retrouvaient en train de foncer droit vers la mécréance. Ils s’opposaient strictement à ceux qui estimaient que Dieu n’intervenait pas dans les bons et les mauvais actes de l’homme (L’intervention divine). Mais le pire est qu’ils attribuaient l’oppression à Dieu en croyant que tout mauvais acte est orchestré par Dieu à travers l’homme et il les punira en enfer pour ces actes.

Après la chute des Mo’tazilites, les Asha’irites (fondé par Abou Hassan Ashari) étaient restés les hommes forts de la scène idéologique grâce aux appuis qu’ils recevaient des dirigeants et des rois. A présent, la grande majorité des sunnites croit à cette idéologie. Les quatre sectes islamiques - Hanafi, Hanbali, Maaliki et Shaafii- sont les principaux suiveurs idéologiques de la pensée Asha’irites, quoique les Wahhabites sont plus proches des gens du Hadiths dans leur conception de la religion.

Cette école a été fondée par Abou Hassan Ashari et ses adeptes sont appelés ‘les Asha’irites’.

La période allant du premiers siècle jusqu’au quatrième siècle A.H et même bien au-delà a été dominée par les débats et les discussions sur la liberté des actions de l’homme et la prédestination. Les deux ont avancé leur argument théologique et soutenu leur point de vue. Dans ces arguments, les Asha’irites se focalisent sur la Tawheed et rejettent le Shirk dans la régulation de l’univers. D’un autre côté, les Mo’tazilites militent en faveur de la liberté absolue de l’homme dans le but de purifier Allah de tous les actes injustes orchestrés par l’homme. Dans ces discussions, aucun des groupes ne présentent les arguments réfutables et convaincants face au groupe adversaire.

Abu Is’haaq Asfaraani (décédé 418 AH) est considéré comme la tête de fil des savants Asha’irites. C’est lui le grand propagateur de l’idée du Tawheed-e-Af’aali. En plus, il avait siégé à côté du savant influant à l’époque des Bani Abbas, l’auteur de ‘Obbaad’. A cette époque, le grand savant Mo’tazilite Qazi Abdoul Jabbaar (décédé 415 AH) était endormi. Quand Qazi vit Asfaraani, il protesta en récitant ceci :

سُبْحَانَ مَنْ تَنَزَّهَ عَنِ الْفَحْشَاءِ

‘Gloire à Celui qui est pur de toute indécence.’

A travers cette déclaration, Qazi protesta les croyances Asha’irites sur les ‘Tauheed Afaali (Seul Allah est la source de tous les actes incluant les actes indécents)’. Abou Is’haaq avait répliqué immédiatement :

سُبْحَانَ مَنْ لاَ يَـجْرِى فِيْ مُلْكِهٖ اِلاَّ مَا يَشَاءُ

‘Gloire à celui dont rien ne bouge dans son Royaume sans Sa Volonté.’

Abou Is’haaq voulait dire que vous croyiez au fait que l’homme est à mesure d’accomplir un acte contraire à la volonté d’Allah.

Il y a bien d’autre exemple de ce genre de débat dans lequel aucun groupe n’avance des arguments concluant pour convaincre le groupe adversaire. Et plus que tout, le débat avait été réduit aux échanges mutuels d’objections et de critiques alors que la raison présentée par les deux groupes pour justifier leur croyance était pleine d’imperfection.


Quelques discussions sur les différences

Les gens du Hadiths et les Asha’irites interprètent (même si c’est dans le mauvais sens) le sens de «Taqdir(prédestination)» en mettant sur Dieu la responsabilité de l’homme et jetant ainsi la fondation d’une nouvelle école de pensée complétement à l’opposé de l’école Mo’tazilite sur divers principes. Certains se présentent comme suit :

1. Dieu est-il l’exécuteur des actes de l’homme? Ou l’homme est lui-même responsable de ses actes? Les Mo’tazilites penchent pour le premiers pendant que les Asha’irites s’accrochent au second.

2. Les actes de l’homme sont-ils limités par la prédestination? Et cette prédestination seule est-elle la cause de ces actions?

Les Asha’irites croient à l’idée ci-dessus, pendant que les Mo’tazilites la rejettent.

3. L’homme est-il victime de la coercision (force) dans ces actes? Ou Alors est-il libre? Les Asha’irites croient que l’homme est enchainé et les Mo’tazilites croient qu’il est absolument libre.

Ce qui fait alors que les Asha’irites au nom de ces trois principes s’opposent aux Mo’tazilites et tout partisan du rationnel. Si Dieu est le créateur de l’homme alors sur quelle base peut-il le punirdes péchés ou le récompensé des vertus? N’est-ce pas ce serait un exercice du point de vue des mécréant (y compris les oppresseurs et les transgresseurs) et des croyants? La sagesse de l’homme ne rejette-t-elle pas ces opinions? Est-il digne pour Dieu de faire de telles choses?

En guise de réponse à ces objections, les Asha’irites ont commencé à présenter des arguments et des objections au lieu de revoir et rectifier leur croyance. Ils arguent:

i) Notre sagesse n’a pas le droit d’avancer une opinon quand il s’agit des actions de Dieu. Notre discernement n’est pas le critère de d’évaluation de bien d’une chose. Au contraire, tout ce que Dieu juge bon est bien et correct. Si Dieu balance tous les croyants en enfer et envoie tous les mécréants au paradis, cela ne sera pas considéré comme injuste pour lui d’agir ainsi. Comme il a agi ainsi, cela est juste. Le verdict de notre sagesse et de notre discernement concernant le bien ou le mal n’est pas connecté à Dieu.

Cette polémique est intitulée " convenance et répugnance: décrétée ou rationnelle?” (حسن و قبح: عقلي يا شرعي). Les Asha’irites estiment que la convenance et la répugnance sont décrétées par Dieu tandis que les Mo’tazilites pensent que c’est la raison qui juge que quelque chose est convenable ou répugnante.

ii) comme on l’a mentionné plus haut, les Asha’irites déclarent que notre discernement n’est pas le critère d’évaluation, mais les actions de Dieu. Alors ce n’est pas de l’oppression si Dieu punit le mécréant ou le transgresseur pour ses péchés qu’Il (Dieu) a lui-même commis. Cela est juste tant que c’est Dieu qui l’a commis. Ainsi, les Asha’irites croient apparemment à la justice divine qu’ils interprètent en faite comme la tyrannie et l’oppression dans tous ses aspects. Les Mo’tazilites sont aussi appelés «Adliyyah» et les Asha’irites sont leurs opposants.


Le chiisme face aux Asha’irites et les Mo’tazelites

Durant ces périodes de déviations et de confusions, nos Imams infaillibles (a.s.) en même temps qu’ils accomplissaient leurs responsabilités de guider, protéger la religion et préserver les croyants de l’égarement, propageaient la vérité et apportaient les réponses à tous les doutes et questions qui devaient apparaitre dans un futur propre ou lointain. Ils filtraient constamment le pur de l’impur. Ils condamnaient l’idée du fatalisme (جَبْر) et du libre arbitre absolu (تفويض). Ils ont présenté le point de vue des Chiites de différentes manières et avec plusieurs méthodes quand on le compare avec ceux des deux écoles de pensées. Nous avons alors la fameuse tradition:

لاَ جَبْرَ وَلاَ تَفْوِيْضَ بَلْ اَمْرٌبَيْنَ الْاَمْرَيْنِ

Pas de fatalisme ni de libre arbitre, mais quelque chose entre les deux

Cette tradition est à la fois rapportée dans les sources chiites et sunnites de différentes manières. Cette tradition a éténarrée par l’Imam Ali (a.s.) l’Imam Baqir (a.s.) et l’Imam Sadiq (a.s.).[6]

Nos Imams (a.s.) ont plusieurs fois critiqué la croyance Asha’irite sur le fatalisme, montrant qu’elle est en contradiction directe avec le Coran et les traditions. Ils ont qualifié cela de mécréance. Nous présentons ci-dessous quelques objections faites par les Imams :

1. A la lumière des versets coraniques et des traditions prophétiques, l’homme est celui qui forge lui-même ses actes et il en est responsable. Allah n’interfère ni quand l’homme pose les actes ni quand il les exécute.

Allah (exalté soit-il) déclare :

كُلُّ امْرِئٍ بِمَا كَسَبَ رَهِيْنٌ

Chacun est responsable de ce qu’il a œuvré.[7]

Ce verset prouve qu’Allah n’est pas responsable des péchés de l’homme. Il est si pur pour être associé à des pareilles accusations. Assimiler les péchés de l’homme avec les actes de Dieu est une marque de grande incrédulité.

2. L’homme est libre dans ses actions. Et c’est Dieu lui-même qui lui a attribué cette liberté. A la base de cette liberté, l’homme peut accomplir n’importe quelle action dans la marge des ses capacités et cela va jusqu’à la désobéissance à Dieu.

Allah dit dans la sourate Haa Mim (41), verse 17 :

وَ اَمَّا ثَمُوْدُ فَهَدَيْنَاهُمْ فَاسْتَحَبُّوْا الْعَمٰى عَلَى الْهُدٰى

Et quant aux Samood, Nous les guidâmes, mais ils préférèrent le mauvais chemin que la guidance.

3. La prédestination est une réalité, mais ce n’est pas la cause des actions de l’homme. Elle ne contraint pas l’homme à agir d’une certaine manière. Aussi l’homme est libre de faire comme il veut. La prédestination signifie qu’Allah connait préalablement comment l’homme agira sous la base de sa libre volonté. Ce qui signifie que la prédestination n’est pas une contrainte parce qu’il n’oblige pas à l’homme d’agir contre sa volonté.

4. (Contrairement au point de vue des Asha’irites) Le bien et le mal ne sont pas décrétés (شَرْعِى) mais ils sont basés sur le discernement (عَقْلِى). Beaucoup de choses qui sont considérées comme biens et mauvaises, sont apparententes pour le discernement et il les rejette dans l’ensemble pour refuser l’apparent. Par exemple, la bonté et l’obligation sont bonnes et la tyrannie est mauvaise. Le bien et le mal considérés comme décrétés sont contraires au discernement parce que le décret et la législation eux même sont basés sur la rationalité.

5. Allah rejette «تكليف مَالَا يُطَاق» (La responsabilité au dessus des capacités) dans le Saint Coran (sourate Mominoon (23) : Verse 62) et il considère cela comme de l’oppression. Il distingue clairement entre les mécréants et les croyants, le corrompu et le réformateur dans la sourate Suaad (50). Aussi pour montrer que le bien et le mal législatif ou décrété sont contre les propos d’Allah et au Saint Coran.

Bien que les Chiites tout comme les Mo’tazilites croient à la justice divin, et considèrent le bien et le mal comme quelque chose relevant de la raison (et croient aussi que l’homme est libre de ses actions) ils se distinguent toutefois des Mo’tazilites. Les Chiites pensent que la doctrine Mo’tazilite va à l’encontre du Saint Coran et de la Sunna. Les Chiites assimilent les croyances Mo’tazilites au polythéisme (شرك). Et ils s’opposent ainsi à ces croyances :

  1. Rejeter la prédestination est contraire au Saint Coran et la Sunna. Beaucoup de traditions Sunnites et Chiites considèrent la prédestination comme une croyance religieuse nécessaire.
  2. Considérer l’homme comme complétement libre de ses actions signifie rejeter l’autorité d’Allah. En accordant alors la complète liberté de ces actions, ils l’ôtent du champ du contrôle de Dieu. En fait ils restreignent l’autorité d’Allah. Quel que soit l’acte perpétré par l’homme, c’est uniquement avec l’intention et le pouvoir qu’Allah lui a accordés. Chaque fois qu’Allah le désir, Il peut intervenir et révoquer cette intention et ce pouvoir. L’intention et le pouvoir de l’homme priment sur l’intention et le pouvoir d‘Allah mais la croyance en la liberté totale et absolue de l’homme (تفويض) est incorrecte.

Imam Jafar Sadiq (a.s.) comparant tous ces trois écoles de pensées (Motezelah, Ashairah, Shia) declare :

اَلنَّاسُ فِىْ الْقَدَرِ عَلىٰ ثَلاَثَةِ اَوْجَهٍ:

Les gens sont divisés en trois catégories quand il s’agit de prédestination :

رَجُلٌ زَعَمَ اَنَّ اللهَ عَزَّ وَ جَلَّ اَجْبَرَ النَّاسَ عَلَى الْمَعَاصِىْ فَهٰذَا قَدْ ظَلَمَ اللهَ عَزَّ وَ جَلَّ فِىْ حُكْمِهِ وَ هُوَ كَافِرٌ

Celui qui pense qu’Allah exalté soit-Il a contraint les gens à commettre des péchés (pour lesquels il punira l’homme). Celui-là est un mécréant car il traite Allah d’injuste dans Son jugement (La croyance des Asha’irites).

وَ رَجُلٌ يَزْعَمُ اَنَّ اْلاَمْرَ مُفَوَّضٌ اِلَيْهِمْ فَهٰذَا وَهَّنَ اللهَ فِىْ سُلْطَانِهِ فَهُوَ كَافِرٌ

Celui qui pense que tout a été absolument soumis à la volonté de l’homme. Celui-là aussi est un mécréant parce qu’il considère qu’Allah exalté soit-Il est impuissant dans son Autorité (comme les Motazilites)

وَ رَجُلٌ يَزْعَمُ اَنَّ اللهَ كَلَّفَ الْعِبَادَ مَا يُطِيْقُوْنَ وَ لَمْ يُكَلِّفْهُمْ مَا لاَ يُطِيْقُوْنَ وَ اِذَا اَحْسَنَ حَمِدَ اللهَ، وَ اِذَا اَسَاءَ اسْتَغْفَرَ اللهَ فَهٰذَا مُسْلِمٌ بَالِغٌ.

Celui qui (comme les chiites) croit que certainement Allah le miséricordieux a ordonné à l’homme d’accomplir uniquement les actions qui relèvent de ses capacités et Il ne l’a pas enjoint de faire ce qui est au dessus de ses forces. Pour cette raison, quand il accomplit une bonne action il glorifie Allah pour lui avoir accordé cette opportunité (Tawfeeq) et quand il fait quelque chose de mal, il implore le pardon. Celui-là est un vrai Musulman.[8]

Imam Mohammad Baqir (a.s.) dit à Hasan al-Basri:

اِيَّاكَ اَنْ تَقُوْلَ بِالتَّفْوِيْضِ فَاِنَّ اللهَ عَزَّ وَ جَلَّ لَمْ يُفَوِّضِ اْلاَمْرَ اِلىٰ خَلْقِهِ وَهْنًا مِنْهُ وَ ضَعْفًا، وَ لاَ اَجْبَرَهُمْ عَلىٰ مَعَاصِيْهِ ظُلْمًا.

Méfie-toi de croire au Tafweez (libre arbitre ou laisser tout à la volonté de l’homme) car Allah exalté soit-Il n’a pas absolument tout laissé à la volonté de Ses créatures traduisant ainsi sa faiblesse et son impuissance. Et Il n’a pas aussi soumis l’homme à une contrainte fataliste de Lui désobéir se montrant ainsi injuste.[9]

L’Imam Mohammad Baqir (a.s.) et l’Imam Jafar Sadiq (a.s.) ont déclaré :

اِنَّ اللهَ عَزَّ وَ جَلَّ اَرْحَمُ بِخَلْقِه مِنْ اَنْ يُجْبِرَ خَلْقَه عَلَى الذُّنُوْبِ ثُمَّ يُعَذِّبَهُمْ عَلَيْهَا، وَ اللهُ اَعَزُّ مِنْ اَنْ يُرِيْدَ اَمْرًا فَلاَ يَكُوْنُ. فَسُئِلاَ عَلَيْهِمَا السَّلاَمُ هَلْ بَيْنَ الْجَبْرِ وَ الْقَدَرِ مَنْزِلَةٌ ثَالِثَةٌ؟ قَالاَ: نَعَمْ، اَوْسَعُ مِمَّا بَيْنَ السَّمَاءِ وَ الاَرْضِ.

Allah miséricordieux est très clément avec Ses créatures pour les pousser à commettre les péchés et les punir à cause de ces péchés. Et Allah est très majestieux pour exercer sa volonté sur quelque chose sans la voir se réaliser (comme Il le veut). Ensuite le narrateur demanda: existe-t-il un troisième chemin entre le fatalisme et le libre arbitre? L’imam répondit: Oui! Et il est plus vaste que la distance entre le ciel et la Terre. [10]


La conception modérée

Généralement, le point de vue des Chiites sur le Libre arbitre et le Fatalisme est considéré comme distinct et séparé de la position Asha’irite comme Mo’tazilite. On désigne aussi comme ‘Amr Bainal Amrain’ (Une affaire entre deux Affaires ou quelque chose entre les deux). Comme cela a été mentionné avant, cette déclaration apparait dans diverses traditions des Imams infaillibles. Cela est une combinaison du Libre arbitre Mo’tazilite et du Fatalisme Asha’irite.

Certaines personnes ont ainsi interprété ‘Amr Bainal Amrain’:

‘Dans certains cas cela signifie liberté absolue de la volonté de l’homme tandis que dans d’autre cela implique la contrainte et le fatalisme. Mais cette idée n’est pas correcte depuis que les Imams ont déclaré qu’elle est distincte des deux premières. La meilleure interprétation consiste à se distinguer des deux points de vue à savoir le libre arbitre et le Fatalisme. ‘Amr Bainal Amrain’ ne veut pas dire le Fatalisme car :

Selon les Ahl-Lul-Bayt (a.s.) l’homme a reçu d’Allah la liberté et le pouvoir. En d’autres termes, Dieu a accordé à l’homme la liberté de choisir un acte, un travail qu’il aime et de ne pas choisir le travail qu’il n’aime pas. S’il le fait, c’est par rapport à sa liberté et son pouvoir et aussi il est libre de ne pas le faire. Cette liberté et ce pouvoir sont responsables de tous les actes de l’homme, bons comme mauvais. Alors l’homme devient responsable de toutes ces actions conformément à sa liberté et son pouvoir. Et jamais tel que le disent les Asha’irites Dieu n’est pas l’agent qui détermine les actes de l’homme ou alors, il n’est pas l’initiateur des actes de l’homme. Par créateur, nous entendons acteur et agent (خالق/فاعِل). L’homme agit sous la base de son intention et son autorité et il est responsable de ce qu’il fait et non Dieu. Ainsi, récompenser les bons actes et punir les mauvais est correct.

Cette interprétation est instinctivement correcte aux yeux de chaque être humain. Il y a une différence entre faire tomber la montagne et tomber de la montagne, plonger dans une piscine et être balancé dans celle-ci, parler quand on est en éveil et parler quand on est endormi, du verre renversé et du verre tombé…etc. Tous les exemples ci-dessus sont constatés, considérés et compris par nous dans notre vie quotidienne. Dans tous ces exemples, lorsque l’intention de l’homme est impliquée il reçoit une récompense ou une punition. Mais dans les exemples où l’action de l’homme est involontaire, il ne recevra aucune connaissance ou ne sera passible d’aucune punition.

اَمْرٌ بَيْنَ الْاَمْرَيْنِ’ ‘Amr Bainal Amrain’ n’est pas la liberté absolue de la volonté. la liberté, le pouvoir et la volonté qu’on trouve en l’homme lui sont tous attribuées par Allah et ne lui appartiennent pas c’est-à-dire n’appartiennent pas à l’homme. Chaque fois qu’Allah désir, il peut suspendre ce pouvoir à l’homme. Sans pouvoir et liberté, l’homme ne peut jamais aller au-delà de la ligne du contrôle divin.

Le pouvoir et la volonté divine dominent définitivement sur ceux de l’homme. Si l’homme est capable de commettre un péché, cela ne veut pas dire qu’il est au dessus du pouvoir de Dieu ou qu’il montre que le pouvoir de Dieu est réduit. Personne ne peut affirmer que Dieu à le pouvoir d’arrêter un pécheur. Nous devons bien comprendre que le pécheur commet des péchés grâce au pouvoir et à la volonté que Dieu lui a donné et il ne peut pas dépasser ce pouvoir. Mais c’est parce qu’Allah a permis à l’homme de rester libre et fort et il n’a pas retiré ce pouvoir et cette autorité donnée de par sa prudence.

La liberté et le pouvoir de l’homme ne signifie pas qu’est absolument libre (تفويض). Mais rejeter le libre arbitre ne veut pas dire que l’homme est contraint et programmé à faire des choses comme une machine (جبر).

Le Hadith suivant a été dicté par l’Imam Reza (a.s.) à l’un de ses compagnons :

اُكْتُبْ قَالَ اللهُ تَبَارَكَ وَتَعَالىٰ: يَابْنَ آدَمَ بِمَشِيَّتِىْ كُنْتَ اَنْتَ الَّذِيْ تَشَاءُ لِنَفْسِكَ مَا تَشَاءُ، وَ بِقُوَّتِىْ اَدَّيْتَ اِلَىَّ فَرَائِضِىْ وَ بِنِعْمَتِىْ قَوِيْتَ عَلىٰ مَعْصِيَتِىْ

Ecrit qu’Allah le suprême dit: Ô fils d’Adam! Par Ma Volonté (sur toi) tu désires pour toi ce que tu veux et par Mon Pouvoir tu accomplis mes obligations et c’est avec Mes Bienfaits que Je t’ai accordés que tu as la possibilité de Me désobéir.[11]

On peut aussi trouver le contenu de ce hadith Qudsi dans bien d’autres traditions rapportées des Imams infaillibles (a.s.).

Le rapporteur vint voir l’Imam Sadiq (a.s.) pour confirmer ses croyances et il développa ainsi devant l’Imam sa vision de la divine croyance :

"Je crois qu’Allah ordonne à l’homme d’accomplir uniquement les actes qui sont dans la mesure de ses capacités et son pouvoir. Et tout ce que l’homme fait est après la volonté, le pouvoir, le décret, l’intention et la destiné d’Allah.” Imam (a.s.), répondit :

هٰذَا دِيْنُ اللهِ الَّذِىْ اَنَا عَلَيْهِ وَ آبَائِىْ

Ceci est la religion de Dieu à laquelle mes ancêtres et moi sommes restés fidèles.[12]

Si vous accordez un peu d’attention à cette tradition vous remarquerez que le narrateur a annulé la contrainte dans la première partie de sa déclaration et il réfute la Liberté absolue dans la seconde partie. L’Imam (a.s.) Ridha a approuvé cette compréhension de la religion.


Objections contre la Justice divine (I)

Les calamités d’Allah sont-elles Justice ou grâce?

Q.1 Il n’y a aucun doute que les calamités telles que la mort, les maladies, la peste, les tremblements de terre, les tempêtes, les guerres, l’oppression, la tyrannie et…sont des événements qui se sont produit dans le passé comme dans le présent et cela a affecté beaucoup de personnes innocentes. Qui est la cause de tous ces problèmes et difficultés? Si c’est Dieu alors, il n’est pas juste et si n’est pas Dieu, ça devrait être Satan. Ce qui signifiera par

conséquent que Dieu ne détient pas le pouvoir absolu sur l’univers tout entier. Quel est ce genre de gouvernance où Dieu ne peut pas contrôler tous ces facteurs désastreux?

Réponse

l. (A) Nous devons faire la différence entre les catastrophes naturelles, les guerres, l’oppression, la pauvreté…qui sont directement reliés aux actes de l’homme. Les tremblements de terre et les tempêtes sont différents mais on ne peut les comparer à la guerre et la corruption qui sont directement liées à la responsabilité de l’homme et non celle de Dieu. Allah le miséricordieux dit dans le Saint Coran que :

ظَهَرَ الْفَسَادُ فِي الْبَرِّ وَالْبَحْرِ بِمَا كَسَبَتْ أَيْدِي النَّاسِ

L’immoralité et la corruption se sont répandues sur la Terre et les mers à cause de ce que les hommes ont eux-mêmes perpétré.[13]

(B) A la lumière des versets coraniques et des traditions prophétiques et Imamites, ces calamités qui sont liées à la création résultent aussi directement des actions et des actes décrétés. Allah dit également :

وَمَا أَصَابَكُم مِّنْ مُّصِيبَةٍ فَبِمَا كَسَبَتْ أَيْدِيْكُمْ وَيَعْفُوْ عَنْ كَثِيْرٍ.

Tout malheur qui vous frappe est le résultat de ce que vous avez commis et Il pardonne beaucoup (de vos fautes).[14]

(C) Bien que les calamités et les difficultés agissent comme le fouet de Dieu pour punir l’homme, il y a bien d’autres calamités qui sont bénéfiques :

i) . Pour un croyant, les calamités sont source de pardon pour les péchés. Pour le mécréant, c’est un moyen de rappel et de punition. Pour les prophètes (a.s.) et leurs successeurs (a.s.), les calamités servent d’instrument pour augmenter leur grade et leur position auprès de Dieu.

ii) Elles sont une source pour atteindre la proximité devant Dieu et se rappeler de lui. Elles réveillent la conscience des négligeants.

iii) . Les calamités forgent les caractères. Sans les problèmes et les difficultés autour de l’homme, il ne serait pas à mesure de les résoudre en approfondissant ses connaissances et les sciences. Les calamités, les problèmes et les difficultés poussent l’homme à inventer les choses, sortir des nouveautés et faire des découvertes.

Allah le très Haut dit:

وَلَنَبْلُوَنَّكُمْ بِشَىْءٍ مِنَ الْخَوْفِ وَ الْجُوْعِ وَ نَقْصٍ مِّنَ الْاَمْوَالِ وَ الْاَنْفُسِ وَ الثَّمَرَاتِ وَ بَشِّرِ الصَّابِرِيْنَ

Et certainement Nous vous éprouverons quelque peu avec la peur, la famine, la perte des biens, des vies et des fruits. Passe la bonne nouvelle à ceux qui sont patients.[15]

Amiroul Mominin Ali Ibn Abi Taalib (a.s.) dit :

إِنَّ الْبَلَاءَ لِلظَّالِمِ أَدَبٌ وَ لِلْمُؤْمِنِ امْتِحَانٌ وَ لِلْأَنْبِيَاءِ دَرَجَةٌ وَ لِلْأَوْلِيَاءِ كَرَامَةٌ

Les calamités constituent un rappel pour les tyrans, une épreuve pour le croyant, une augmentation de grade pour les prophètes et une noblesse pour les amis d’Allah.[16]

Allah présente la raison pour laquelle il fît subir divers sorte de châtiments aux enfants d’Israël :

…وَ اَخَذْنٰهُمْ بِالْعَذَابِ لَعَلَّهُمْ يَرْجِعُوْنَ

…Nous leur fîmes subir châtiment peut-être reviendraient-ils.[17]

iv) L’autre objection est que les catastrophes de grande envergure affectent entre autre les innocents tels que les enfants, les pieux alors qu’ils n’ont commis aucune faute. La réponse à cette objection est que: lorsque nous croyons en la vie dans l’au-delà, cela signifie qu’ils auront leurs récompenses le jour du jugement. Alors, quelles que soient les difficultés qu’ils rencontrent dans ce monde, cela sera converti en bénéfice fantastique dans l’au-delà. Dans la même lancé, la facilité et le confort de certains mécréants dans ce monde se transformeront en difficultés pour eux dans l’au-delà. Considérant tous ces éléments, il n’y a plus de la place pour le doute.

Bref, l’Islam n’a jamais considéré Satan ou d’autres différents dieux comme responsables des calamités et des problèmes. L’Islam croit en l’unité de Dieu dans le monde de la création et de la grâce. Elle considère la calamité comme une punition directe de Dieu et au même moment, il n’y a pas le moindre doute concernant la justice de Dieu.

Q.2 N’est-ce pas c’est à la demande de la justice que la récompense ou la punition soient basées sur les actes directs de l’homme? Dans ce cas, l’intercession ne sera-t-elle contraire à la justice divine? Au sens où toute mauvaise personne devrait aller en enfer quelles que soient les circonstances et affronter son courroux?

Réponse

Récompenser les bons actes est une condition préalable pour la justice. Mais punir les mauvais actes n’est pas obligatoire pour une personne juste. Si Dieu punit un mauvais acte, cela sera en conformité exacte avec la justice. Mais s’il pardon un pécheur ce serait conforme à sa miséricorde et sa noblesse. La miséricorde de Dieu est supérieure à Sa justice mais n’est pas contraire à celle-ci. Alors, nous implorons Allah ainsi :

رَبِّ عَامِلْنَا بِفَضْلِكَ وَ لاَ تُعَامِلْنَا بِعَدْلِكَ

Seigneur! Considère-nous avec ta miséricorde et non avec ta justice.

Q.3 Vous espérez qu’une personne juste traite tout le monde de manière égale et non d’une manière déloyale. Toutefois, nous voyons que parmi les créatures de manière générale et les êtres humains de manière particulière, il y a beaucoup d’inégalités dans l’aptitude, l’intelligence, la sagesse la mémoire, le poids, le gabarie, la couleur, l’opulence, la richesse, la pauvreté, la famine…n’est-ce pas c’est contraire à la justice?

Réponse

1. Vous avez en effet raison que le concept de justice veut qu’on accorde à chacun son droit (اِعْطَاءُ كُلِّ ذِىْ حَقٍّ حَقَّه) Mais les créatures n’ont aucun droit sur Allah.

Ainsi, les créatures n’existent pas d’elles-mêmes c’est Allah qui leur a accordées l’existence et les a élevées à diffèrent niveau de la perfection. Donc, les créatures n’ont aucun droit sur le créateur. Si on donne plus à quelqu’un et moins à l’autre, cela signifie que le premier a reçu une grande part de sa bonté et l’autre n’ena pas reçu. Nul ne connait l’injustice. Si quelque offre un dollar à un mendiant, cent à un second, milles au troisième et ne donne rien au quatrième, alors pouvons-nous dire s’il a commis l’injustice? A-t-il bousculé le droit de quelqu’un? Non! Parce que s’il a donné à chacun quelque chose, c’est essentiellement sur le compte de sa propre grâce et le mendiant privé ne jouit d’aucun droit de réclamation.

Mis à part cela, selon ce qui ressort des traditions, ceux à qui peu de bontés ont été accordées ici-bas recevront leur droit dans l’au-delà.

2. Allah le généreux a établi des règles dans ce monde sur la base des différences dûes à plusieurs raisons. Certaines de ces raisons se présentent comme suit :

i. Tout système requiert des différences. Sans différence, le système ne peut pas fonctionner. Si toutes les parties d’un poigné de la montre sont identiques en dimension et en forme, est-ce que la montre peut fonctionner? De même si tout le monde sur terre a les mêmes pouvoirs, mêmes richesses, mêmes couleurs…est-il possible au monde de fonctionner?

ii. Ces différences sont également source de preuve. Par exemple, le mendiant est patient dans sa pauvreté. Le riche aide le mendiant. L’homme fort n’opprime pas le faible. Le faible accomplit ses obligations malgré les obstacles. Dans cette voie, tout le monde est testé et éprouvé.

iii. les différences et les variations sont aussi source de gratitude et d’adoration. L’air est l’une des meilleures bontés d’Allah. Pourquoi? Parce qu’elle est à la disposition de tous à tout moment. Personne ne souffre pour avoir accès à cette bonté qu’on ne peut évaluer. Personne ne fait attention ou ne connait son importance. Dieu ne distribue pas les bontés de manière égale entre les hommes. Quiconque a reçu plus de bonté doit savoir qu’il a reçu plus et qu’il devrait dire merci et se montrer reconnaissant. Et celui qui n’a reçu que peu de bonté devrait en demander plus et invoquer Allah dans ce sens. Il est possible d’augmenter les bontés et les richesses à travers les invocations.


Objections contre la Justice divine – (II)

Q. Comment pouvons-nous considérer l’homme comme libre et puissant alors que la connaissance d’Allah précède ses actions? C’est-à-dire quel que soit ce que nous faisons, Allah le sait bien avant.

Rép. L’omniscience d’Allah n’est pas la cause des actions de l’homme. Elle est la prédiction des actes de l’homme dans tous ces détails. Ultimement, l’homme accomplit les actions sous la base de sa propre volonté et de sa liberté. Par exemple, le professeur connait l’habileté, la capacité de chacun de ses étudiants et sous la base de cette connaissance, il peut leur coller le label de bon ou mauvais élève. Mais, cette étiquette ou cette connaissance du maitre n’est pas responsable de la réussite ou de l’échec d’un étudiant lors de l’examen. La réussite ou l’échec dépend du dur travail et des efforts de l’étudiant. Le professeur sous la base des connaissances qu’il a par rapport à ses disciples fait juste un pronostic.

Q. Sachant que l’Islam croit à la prédestination divine de l’homme, comment est-ce qu’on peut dire que l’homme est libre ?

Rép. Rien ne prouve qu’il n’y a pas de changement dans la prédestination divine – Qadhâ and Qadar. ‘Badaa’ (Le changement ou l’altération dans la prédestination) est l’une des croyances importantes dans le chiisme. Allah lui-même dit dans le Saint Coran:

يَمْحُوْ اللهُ مَا يَشَآءُ وَ يُثْبِتُ وَ عِنْدَهُ اُمُّ الْكِتَابِ

Allah efface (de la prédestination) ce qu’Il veut et maintient ce qu’il veut et Oummoul kitâb (le livre de base) est auprès de Lui.”[18]

Deux trésors de la connaissance appariassent dans ce verset: Ilmul Kitaab ou Lauh-e-Mahv-o-Ithbaat et Ummul Kitaab ou Lauh-e-Mahfooz. Dans Lauh-e-Mahvo Isbaat on discute à propos de la prédestination initiale tandis que tous les changements et les altérations sont inclus dans Lauh-e-Mahfooz (لوح محفوظ). En d’autres termes, Ilmul Kitaab (علم الكتاب) ne contient pas la connaissance de tout ce qui sera changé alors que Ummul Kitaab (اُمُّ الْكتاب) le sait.

La connaissance occulte (عِلْمُ الْغَيْب) des anges et des prophètes est connectée à l’Ilmul Kitaab tandis qu’Allah ne leur a accordés qu’un accès restreint à Ummul Kitaab. Les prophéties sont basées sur Ilmul Kitaab qui est en parfait accord avec la prédestination initiale. Mais s’il y a la moindre altération dans la prédestination, la prophétie ne se réalisera pas.

Quand Hazrat Issa (a.s.) passait à côté d’une maison avec ses disciples, ils avaient entendu des bruits de la musique, des chansons et de la danse. Il (a.s.) dit:

Demain il y aura deuil par ici.

Le jour suivant, quand ses disciples repassèrent près de la même maison, il n’y avait aucun signe de deuil. A leur retour, ils portèrent ce fait à la connaissance de Hazrat Issa (a.s.) qui demanda alors à l’archange Gabriel (a.s.). Gabriel (a.s.) lui repondit :

Tout ce que tu prédisais arrivait et il a été décidé que le serpent allait piquer la mariée et son mari, ce qui allait leur causer la mort. Mais hier soir, la mariée a nourri un mendiant qui s’était arrêté devant sa porte en lui donnant la charité. Grâce à cette noble action Allah a changé Son décret.[19]

Un incident pareil est aussi relaté dans la vie du noble Prophète (s.a.w.a.).[20]

Dépenser dans la voie de Dieu, accomplir des bonnes actions, faire des invocations et des supplications, demander pardon, être bons avec ses proches…sont des facteurs qui poussent Dieu à changer son décret.

De là, le décret et la prédestination ne sont pas certaines et inchangeables mais ils sont altérables. Lorsqu’Amr-Ul-Mouminine Ali (a.s.) revenait de la bataille de Siffin, l’un de ses compagnons lui demanda :

"Est-ce que notre bataille contre les Syriens a été décretée?” Il (a.s.) répondit :

Oui, O Sheykh! Vous ne devez marcher sur aucune porte ou entrer dans aucune demeure, mais tout marche en fonction du décret divin et de la destinée.

Pour cela le narrateur interrogea : " est-ce à dire que nos efforts ne seront couronnés d’aucune récompense?” Il (a.s.) répondit:

مَهْ يَا شَيْخُ، لَعَلَّكَ تَظُنُّ قَضَاءً حَتْمًا وَ قَدَرًا لاَزِمًا لَوْ كَانَ كَذَالِكَ لَبَطَلَ الثَّوَابُ وَ الْعِقَابُ وَ الاَمْرُ وَ النَّهْىُ.

Gardez le silence, O Sheykh! Peut-être vous pensez que le décret et le destin sont absolus et irrévocables. Si tel était le cas la récompense et le châtiment, le commandement et l’interdiction, tous deviendraient nul.[21]

Dont, nous constatons le décret le destin ne sont ni absolument certains et inchangeables ni la cause de contrainte. Le décret et le destin divin changent en fonction des caractères et des actes de l’homme. Allah tout miséricordieux dit dans le Saint Coran :

إِنَّ اللهَ لاَ يُغَيِّرُ مَا بِقَوْمٍ حَتّٰى يُغَيِّرُوْا مَا بِأَنْفُسِهِمْ

En effet, Allah ne change pas la condition d’une nation sans que celle-ci n’ait elle-même pris la résolution de changer sa condition.[22]

Q. Si les actions de l’homme sont volontaires, alors que signifie «توفيق» (L’opportunité) et«خذلان» (Destruction des obstacles)?

Rép. On parle de «توفيق» quand Allah favorise les conditions à chaque homme pour accomplir un acte obligatoire ou s’abstenir de commettre un acte interdit. «توفيق» ne signifie pas contrainte. Un bon ami, un professeur compréhensif, un bon livre, un frère croyant…sont quelques opportunités qui aident l’homme à accomplir le bien et délaisser le mal. «توفيق» est comme la pente d’une montagne qui facile à l’homme la descente. Est-ce que celui qui descend le fait sous sa propre volonté ou alors il est forcé (par la pente) à le faire? Il le fait de par sa volonté et sa liberté. Bien sûr cette pente l’aide seulement à descendre en sécurité et facilement.

«خذلان» signifie ne pas placer d’obstacles sur le chemin du péché. Cela ne veut pas non dire préparer le terrain à commettre le péché. Au contraire, cela signifie abscence d’opportunités pour commette de péché. L’Imam Sadiq (a.s.) :

Quand le serviteur agit conformément aux commandements d’Allah, ses actes sont en accords avec les ordres divins… Mais si un serviteur tente de désobéir et qu’Allah crée quelques obstacles entre lui et le péché qu’il essaye de commettre, l’abadon de ce péché fait aussi partie de l’opportunité divine. Mais si Allah ne crée pas d’obstacles entre l’homme et le péché qu’il essaye de commettre et qu’il le commette, cela signifie qu’Allah l’a dégradé (خذلان), qu’Il ne l’a pas aidé et qu’Il ne lui a pas accordé de Tawfeeq ou l’opportunité de laisser ce péché.[23]

Q. Une société immorale et corrompue, un mauvais encadrement, une mauvaise éducation…sont des facteurs qui préparent le terrain pour la perpétration des péchés. N’est-ce pas l’homme est victime de la psychologie et de l’environnement?

Rép. IL n’y a pas de contrainte ni de force psychologique ou environnementale qui agit sur l’homme. Toutes ces choses qui sont présentées comme des contraintes environnementales ou psychologiques sont «Des proportions appropriées». Celui qui commet les péchés parce qu’il est affecté par une société corrompue, est-il semblable à une personne qui est jetée de la montagne ou celle qui descend de la montagne de son propre gré bien que cette descente soit facile grâce à la pente? Tout homme conscient attestera que le dernier exemple est plus approprié. Une société corrompue rend le péché facile mais ne force pas l’homme à commettre le péché.

Qu’Allah le glorieux nous inclue parmi les serviteurs et les assistants de l’Imam du Temps «Imam-e-Zamana (a.t.f.s.)» Amine !


[1] Nahjul Balagha, Parole No. 470

[2] Behaarul Anwaar, vol. 5, p.17 cité de Tawheed et Maanil Akhbaar

[3] Taareekh-e-Baghdad, vol. 11, pg.160

[4] Tabaqaat-e-Ibn-e-Saad vol. 5 pg. 110

[5] Al Imamah was Siyasah, pg. 182-187

[6] Behaarul Anwaar, vol. 5, pg. 12 cité par Oyoono Akhbaar al-Reza (a.s.)

[7] Sourate Toor (52): Verset 21

[8] Behaarul Anwaar, vol. 5, pg. 9, 10 cité de Khesaal

[9] Behaarul Anwaar, vol. 5, pg. 17 cité de Ehtejaaj-e-Tabrasi

[10] Behaarul Anwaar, vol. 5, pg. 51 cité de Tawheed

[11] Behaarul Anwaar, vol. 5, pg. 56 cité de Tafsire Ayyaashi

[12] Behaarul Anwaar, vol. 5, pg. 36 cité de Kitab al-Tauheed of Shaikh Sadooq (a.r.)

[13] Sourate Rum (30): Verset 41

[14] Sourate Shura (42): Verset 30

[15] Sourate Baqarah (2): Verset 155

[16] Behaarul Anwaar vol, 78, pg. 198 cité de Jaameul Akhbaar

[17] Sourate Zukhruf (43) : Verset 48

[18] Sourate Raad (13) : Verset 39

[19] Behaarul Anwaar, vol. 4, pg. 94 cité de Amaalie Sadooq (r.a.)

[20] Behaarul Anwaar, vol. 4, pg. 121 cité de Tafsire Ayyaashi (r.a.)

[21] Behaarul Anwaar, vol. 5, pg. 13 rapporté de Oyoono Akhbaar al-Reza (a.s.)

[22] Sura Ra’d (13): Verset 11

[23] Maanil Akhbaar, pg. 21

Commentaires
Prénom:
Email:
* Opinion: