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Publié le temps: 08 ,December ,2018      22:16:46
IMAM JA'FAR SÂDIQ (paix sur lui).
RESUME DE LA BIOGRAPHIE DE L'IMAM (P). Imam Ja'far (p) est le sixième imam Chiite, connu sur le surnom de As Sâdiq ou encore Abou Abdullah. Fils de l'illustre imam Bâquir (paix sur lui) et de la dame "Farwa", Ja'far Sâdiq (p) naquit à Médine le 17 Rabi'oul awal en l'an 83 de l'Hégire. Il décède à l'âge de 65 ans dans cette même ville en l'an 148 de l'hégire et fut enterré près de son honorable père dans le célèbre cimetière de "Al baqui".
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Au Nom d’Allah le Clément

IMAM JA'FAR SÂDIQ (paix sur lui).

RESUME DE LA BIOGRAPHIE DE L'IMAM (P).

Imam Ja'far (p) est le sixième imam Chiite, connu sur le surnom de As Sâdiq ou encore Abou Abdullah.

Fils de l'illustre imam Bâquir (paix sur lui) et de la dame "Farwa", Ja'far Sâdiq (p) naquit à Médine le 17 Rabi'oul awal en l'an 83 de l'Hégire. Il décède à l'âge de 65 ans dans cette même ville en l'an 148 de l'hégire et fut enterré près de son honorable père dans le célèbre cimetière de "Al baqui".

LES CALIFES DE SON EPOQUE.

L'imamat (l'autorité) d'imam Ja'far Sâdiq (paix sur lui) débuta en 114 de l'hégire et coïncida avec les années du règne des Omeyades qui prit effectivement fin en 132 de l'hégire, date qui marqua le début du règne Abbassides.

L'imamat d'imam Sâdiq (p) coïncida avec le règne des califes suivants:

1- Hichâm ibn Abdil Malik (105 à 125 de l'hégire).

2- Walid ibn Yazid ibn Abdil Malik (125 à 126 H).

3- Yazid ibn Walid ibn Abdil Malik (126 H).

4- Ibrahim ibn Walid ibn Abdil Malik (70 jours en l'an 126 H).

5- Marwan ibn Mohamad connu sur le nom de "Marwan Hammâr" (126 à 132 H).

LES CALIFES ABBASSIDES DE SON EPOQUES.

1- Abdullah ibn Mohamad connu sur le nom de "Safah" (132 à 137 H).

2- Abou Ja'far connu sur le nom de "Mançour Dawâniquih (137 à 158 H).

L'IMMENSE ET SPLENDIDE SAVOIR DE L'IMAM SÂDIQ (paix sur lui).

Il ne fait aucun doute que l'imam Ja'far Sâdiq (paix sur lui) était doué d'un savoir immense et exceptionnel, cela a d'ailleurs fait l'objet de plusieurs témoignages aussi bien Sunnites que Chiites.

Les plus grands juristes et érudits face à la grandeur intellectuelle de cet illustre imam (p) ne sont guère restés indifférents. "Abou Hanifa", fondateur de la branche Islamique Hannafites déclare:

"Je n'ai vu aucun savant à l'envergure de Ja'far ibn Mohamad"[1]

"Malik ibn Anas" fondateur de la branche Malikite déclare:

"J'ai côtoyé pendant un bout de temps Ja'far ibn Mohamad et à chaque fois je le vit dans trois états. Sois en train d'accomplir la prière, sois en jeune, sois en train de lire le Coran, je ne l'ai jamais vu rapporter un hadith sans être en état de pureté mineure (Ablution)[2]. Concernant le savoir, la dévotion et l'ascétisme, aucun œil n'a vu, aucune oreille n'a entendu parler de quelqu'un plus meilleur que Ja'far ibn Mohamad"[3]

Cheikh Moufid écrit:

De ce personnage séraphique et sublime furent rapportés autant de savoir sciences illuminés que l'on ne put en rapporter d'aucun de ses descendants.[4]

Ibn Hajjar Héstami, l'un des grands et digne savants Sunnites écrit:

"Le peuple baignait dans l'océan du savoir de Ja'far Sâdiq, les plus grands érudits et jurisconsultes rapportèrent chacun de lui plusieurs récits, en l'occurrence: Yahya ibn Said, Ibn Jarih, Mâlik, Soufyan Sourî, Soufyan ibn Oteiba, Abou Hanifa, Chou'ba, Ayyoub Sajestâni…"[5]

Abou Bahr Jâhiz, l'un des célèbres savants Sunnites du troisième siècle déclare:

"Ja'far ibn Mohamad est celui qui combla le monde de son immense savoir, il est dit qu'Abou Hanifa et Soufyan Sourî furent du nombre de ses disciples. Et ces deux-là suffisent comme témoignage de son immense savoir."[6]

Seyyid Amir Ali, l'un des savants réputés de la présente époque dans sa description de la situation des écrits philosophique et des écoles juridico-islamique de l'époque du gouvernement Omeyades écrit:

"Les sentences et l'apparence religieuses au près des "Fatmides" (descendants de la fille du prophète saw) exclusivement prirent une forme philosophique. La propagation des sciences religieuses et les débats philosophique connurent à cette époque un essor remarquable dans toutes les sociétés. Il est à noter que le véritable propulseur de ce grand mouvement intellectuel fut le responsable de la grande université des sciences religieuse qui avait fleurie dans la cité bénite de Médine, un descendant d'Ali ibn Abi Tâlib (p) du nom de "Ja'far" et du surnom de "Sâdiq". Il fut le fondateur de ce grand institut religieux, un chercheur religieux acharné et un grand penseur dévoué. Il maitrisait parfaitement les différentes sciences de cette époque et fut la première qui instaura dans l'Islam l'enseignement de la philosophie originale.

Ne prenaient guère exclusivement part à ses cours ceux qui allaient devenir plus tard les fondateurs de divers courants idéologiques, mais aussi les philosophes et les étudiants en philosophie venus des regions lointaines. "Hassan Basri", fondateur du centre d'étude philosophique de Basra (Syrie), "Wâssil ibn Atâh", fondateur de l'école Mou'tazalite furent du nombre de ceux qui se désaltéraient à l'abondante et jaillissante source scientifique de Ja'far Sâdiq (paix sur lui).[7]

Ibn Khalikân, l'un des célèbres historiens écrit:

"Il est l'un des douze imams de l'obédience Chiites et aussi l'un des grandes personnalités de la lignée du messager de Dieu (saw) dont la nature essentiellement véridique de sa parole et la nature éthique de ses actes lui valurent le surnom de "Sâdiq" (Le véridique). Ses vertus et sa grandeur exaltantes furent si évidentes qu'elles ne peuvent avoir besoin d'être prouvées. "Abou Moussa Jâbir ibn Hayyân Tartûssi fut l'un de ses élèves. Il compila un livre volumineux de mille pages contenant près de cinq cents enseignements de Ja'far Sâdiq".[8]

LES SITUATIONS SOCIO-POLITIQUES ET CULTURELLES DE SON EPOQUE.

L'époque d'imam Ja'far Sâdiq (paix sur lu) parmi celles des autres imams fut d'une particularité exclusive. Cette époque fut caractérisée par une tendance socio-culturelle particulière dont ne fit objet aucune autre époque d'aucun imam. C'est fut l'époque de faiblesse et d'instabilité au sein de la dynastie Omeyades au profit des Abbassides. Cette époque fut marquée par les querelles entre Omeyades et Abbassides qui débutèrent sous le règne d'Hichâm ibn Abdil Malik et en l'an 129 de l'hégire prirent la forme d'une révolution armée et se soldèrent par la victoire des Abbassides en 132 de l'hégire.

En raison des moments de fortes turbulences politiques que traversait le gouvernement Omeyades, l'imam (p) et les Chiites étaient désormais à l'abri de la pression et de la suffocation dont fit l'objet imam Sajjad (p). Les Omeyades avaient désormais la tête ailleurs, la préservation de leur pouvoir contre la menace Abbassides.

Les Abbassides eux aussi avant leur accession au pouvoir avaient présenté comme véritable motivation de leur révolution la famille du prophète (saw) et avaient pour slogan "La vengeance du sang de la famille du prophète (saw)", ils ne pouvaient plus exercer une pression quelconque sur l'imam (p) ainsi que les Chiites, raison pour laquelle, cette époque fut connue comme l'époque de la paix et de la tranquillité. Cette particularité conféra à l'imam Ja'far Sâdiq (paix sure lui) une occasion en inédite dans la propagation et l'enseignement des sciences et des cultures religieuses.

LES CONDITIONS PARTICULIERES CULTURELLES.

Du point de vue culturel et intellectuel, l'époque d'imam Sâdiq (p) connu un mouvement enthousiaste intellectuel remarquable sans précédent, des nouvelles sciences Islamique virent le jour et se développèrent dans les sociétés Islamiques, L'art de la lecture Coranique, la connaissance de l'exégèse du Coran, la connaissance des hadiths, la jurisprudence, les conceptions Islamique ou théologie, ou encore des sciences humaines telles la médecine Islamique, la philosophie, l'astrologie, les mathématiques… Chacun se spécialisait dans un domaine voulu, l'appétence scientifique devenait de plus en plus grandissante et l'imam se trouvait dans l'obligation de l'assouvir.

Parmi les facteurs ayant contribué à cette effervescence intellectuelle, nous pouvons citer:

1- La liberté de pensée et de conception dans l'Islam. Il est certes vrai que les Abbassides constituèrent un facteur dans ce mouvement de libre pensée, mais sa véritable racine se trouvait dans les enseignements Islamique. Par ailleurs les Abbassides n'auraient pu empêcher cette effervescence intellectuelle sociale même s'ils en avaient voulu.

2- Cette époque fut caractérisée par un environnement complètement juridico-islamique motivé par la recherche du savoir, la pensée et la réflexion religieuse exhortés par le noble Coran et le messager de Dieu (saw).

3- Les peuples et les nations qui avaient embrassé l'Islam furent de ceux dont des antécédents intellectuels furent connus, comme par exemple la Perse (Iran actuel), l'Egypte ou la Syrie qui étaient des Etats en pleine expansion intellectuelle de cette époque. Ces nations dans l'optique d'appréhender d'une manière profonde les enseignements et les sciences Islamique se versèrent dans des recherches et différentes activités visant à assouvir leur prurit dans le domaine en question.

LES COURANTS JURIDICO-IDEOLOGIQUES DE L'EPOQUE DE L'IMAM (P).

Imam Sâdiq (paix sur lui) fut heurté au court de son époque à la prospérité de plusieurs écoles ou courants juridico-idéologiques. La collision intellectuelle entre musulmans et conceptions des gens du Livre (Chrétiens et Juifs) ou encore savants musulmans et ceux venus de la Grèce donna naissance diverses questions ambiguës.

A cette époque, des factions telles que: Mou'tazila (Mou'tazilites), Jabariyya, Mourji'a, Golât, Zanâdikat, Mouchabbaha, Moutassawwifa, Moujassama, Tanâssoukhiyya et bien d'autres virent le jour, et se lancèrent à propager leurs conceptions.

Cela donna naissance à plusieurs divergences d'opinion sur les sciences Islamiques entre les savants Musulmans, chaque appartenance s'efforçait de donner raison à ses conceptions ou ses points de vue. Des divergences dans l'art de la lecture du Coran, la connaissance des hadiths, l'exégèse du Coran, la jurisprudence et la théologie.

LA GRANDE UNIVERSITE JA'FARITE.

Imam Ja'far Sâdiq (paix sur lui) profita de la situation politique favorable de son époque et bâtit une grande université Islamique sur les fondations du mouvement intellectuel et culturel dont le véritable propulseur fut son vénéré père imam Bâquir (paix sur lui) afin de combler le grand vide intellectuel et d'assouvir la soif montante du savoir de la société musulmane de cette époque.

Pourvue de plusieurs filières des sciences Islamique, cette université abrita près de quatre mille étudiants dont les plus célèbres furent: Hichâm ibn Hikam, Mohamad ibnMuslim, Abân ibn Touglab, Hichâm ibn Sâlim, Mou'min Tâk, Moufaddal ibn Oumar, Jâbir ibn Hayyân…[9] Ces étudiants dont les noms sont mentionnés plus haut furent des grandes personnalités scientifiques et des figures emblématiques qui marquèrent l'histoire par leurs grandes réalisations dans divers domaines de la science. Hichâm ibn Hikam fut auteur de près de vingt et six livres[10], quant à Jâbir ibn Hayyân, il eut près de deux cents tomes de livres[11] à son actif dans plusieurs domaines de la science, en particulier dans les domaines rationnel, biologique, et de la chimie. Il fut tellement célèbre dans le domaine de la chimie qu'il fut surnommé le père de la chimie. La plupart de ses ouvrages furent traduits en plusieurs langues au moyen âge, son nom aussi fut mentionné dans plusieurs ouvrages des grands scientifiques contemporains de l'occident.

L'AMPLEUR DE L'UNIVERSITE D'IMAM SÂDIQ (PAIX SUR LUI).

Imam Sâdiq (paix sur lui) fit face à tous les courants idéologiques de cette époque, et leur prouva le caractère plus exaltant et rationnel du point de vue Islamique Chiite face à leurs conceptions.

L'université d'Imam Sâdiq (p) n'eut pas seulement comme élèves des personnalités Chiite, mais aussi des personnes d'obédience Sunnites, d'autre par l'intermédiaire des disciples de l'imam et d'autres directement de l'imam (p) lui-même. Parmi les figures emblématiques Sunnites qui étudièrent à l'université d'imam Sâdiq fut:

Abou Hanifa, il passa deux années à l'université de l'imam (p). Et il repose la racine et la base de son savoir sur ces deux années qu'il passa comme élève de Ja'far Sâdiq (p), il dit:

"Si ce n'était les deux années (passées chez imam Sâdiq p) No'mân aurait péri"[12]

Imam Sâdiq (p) reçu des élèves venus des plusieurs régions, Koufa (Irak), Basra (Syrie), Wâssit, Hijjaz…Et aussi de diverses tribus comme par exemple, Banou Assad, Makhârik, Khouzâ'a, Banou Dabba, Qoureich en particulier les Banou Hârith ibn Abdul Mouttalib, Banou Hassa etc…

En ce qui concerne l'étendue de la grande université de l'imam (p), Hassan ibn Ali Ziyâd Wessâ'e, l'un des disciples d'imam Ridha (p) et l'un des grands rapporteurs de hadiths dit:

"Je vis près de neuf cents personnes dans la mosquée de Koufa qui rapportaient chacun des récits de Ja'far ibn Mohamad."[13]

Selon les déclarations d'Ibn Hajjar Askalânî, les jurisconsultes et les rapporteurs tels que Chou'ba, Soufyan Souri, Mâlik, Ibn Jarîh, Abou Hanifa, Wahîb ibn Khâlid, Qhatân, Abou Âçim et bien d'autres grandes figures du monde Sunnites rapportèrent chacun des hadiths de ce noble homme.[14]

Imam Sâdiq (p) orientait chacun de ses étudiants vers la filière où il le voyait s'épanouir le plus et prenait aussi la peine de le donner la formation nécessaire pour le rendre plus apte dans le domaine. En définitif, tous ces étudiants eurent chacun un ou deux domaines de compétence où ils se spécialisèrent, c'est ainsi qu'on pouvait avoir pour chaque filière (Hadith, exégèse du Coran, théologie…) un spécialiste dans le domaine. L'imam dans certaines circonstances au court desquelles un ou d'autres savants d'autres obédiences se présentaient à lui pour un dialogue ou un débat intellectuel les envoyait à l'un de ses élèves spécialisé dans le domaine où la question est posée.

Hichâm ibn Sâlim dit: "Un jour, nous fûmes assis en présence de l'imam Sâdiq (p) quand vint à lui (p) un homme venu de Shâm (Syrie). Il fit son entrée dans l'assemblée après avoir eu la permission d'entrée, l'imam (p) lui demanda de s'asseoir et ensuite l'interrogea sur l'objet de sa visite.

- J'ai suivi que tu réponds à toutes les questions ambiguës que te pose le peuple raison pour laquelle je suis venu pour mener un débat intellectuel avec toi.

- Et par rapport à quel sujet?

- Le style de la lecture Coranique? Répondit l'homme venu de Shâm.

L'imam (p) se tourna vers l'un de ses disciples du nom de "Himrân" et dit:

- Himrân! C'est à toi de répondre.

- J'ai dit que c'est avec toi que j'aimerais mener le débat! Dis le Syrien.

- Si tu parviens à plier Himrân, alors tu m'aurais plié!

L'homme venu de Shâm fut obligé de débattre avec Himrân sur son sujet, tous ce qu'il posait comme question trouvaient une réponse rationnelle et prouvée fournie par Himrân, en définitif il fut épuisé par la force des arguments de Himrân.

Après être présenté devant l'imam (p), celui-ci lui dit:

- Comment as-tu trouvé Himrân?

- En vérité, vigoureux! Il répond à tous ce que je pose comme question d'une manière rationnelle et juste.

Après cela, l'homme venu de Shâm manifesta le désir de mener un autre débat avec l'imam mais cette-fois dans le domaine de la langue et littérature arabe, l'imam Sâdiq (p) se tourna vers "Abbân ibn Touglab" et dit: Mène ce débat avec lui.

Abbân lui aussi tout comme Himrân répondit à toutes les questions posées par celui-ci.

Après cela, le Syrien manifesta le désir de mener un débat avec l'imam concernant la jurisprudence Islamique, l'imam Sâdiq (p) l'envoya vers "Zourâra", après cela, il voulut mener le débat concernant les conceptions Islamique (Théologie), l'imam l'envoya vers "Mou'min Tâque", le Syrien de Shâm à chaque fois subissait une défaite. Concernant l'Unicité et l'imamat, la faculté humaine à renoncer ou accomplir le bien ou le mal, l'imam Sâdiq (p) envoya l'homme venu de Shâm respectivement vers Hamza Tayyâr, Hichâm ibn Sâlim et Hichâm ibn Hikam. L'imam (p) face à cette passionnante scène ne put dissimuler son émotion qui se manifesta par un sourire.


LES ACTIONS POLITIQUES DE L'IMAM (PAIX SUR LUI).

Les actions de l'imam Sâdiq (paix sur lui) ne se limitaient pas seulement dans le domaine intellectuel avec toute son étendue, mais aussi embrassaient le côté politique. Par ailleurs selon les dires de plusieurs des historiens et écrivains, imam Sâdiq dans ce domaine ne put avoir des actions concrètes, il n'entreprit aucune action allant à l'encontre de celles des califes de son époques. Dans le souci de prouver le caractère non fiable de ces prétentions, il serait mieux d'évoquer ici quelques exemples des actions politiques de l'imam (p).

L'EXPEDITION DES REPRESENTANTS POUR LA PROPAGANDE IMAMITES.

Imam Sâdiq (p) envoya à diverses régions des représentants dans le but de mener la propagande de la noble question de l'imamat. Il (p) envoya quelqu'un de Koufa à Kourassân pour cette tâche, il invita les gens de Kourassân à la Wilâyat (l'autorité des Ahlul-beyt), une partie l'accepta volontiers et une partie s'abstint.

Le récit ci-dessus montre que l'imam (p) entreprit aussi des actions politiques, il ne se limita point sur la propagation des sciences Islamiques.

LES LETTRES ABBASSIDES INVITANT L'IMAM A LA REVOLUTION.

L'époque de l'imam Sâdiq (p) fut marquée par la chute de la dynastie Omeyades et l'accession au pouvoir califale des Abbassides. L'injustice, la tyrannie et l'oppression vis-à-vis du peuple, les déviations et les innovations dans l'Islam furent à L'origine du déclin de la dynastie Omeyades. L'oppression et la tyrannie s'étaient transmises de génération en génération, le peuple avait désormais atteint le paroxysme de sa patience et était décidé à rompre le silence, une grande révolution s'en est suivie. Face à cette situation, les dignitaires de la famille Abbas ou Banou Abbas sous le slogan de la rédemption du sang de la famille du noble prophète (saw) et l'appel à la restitution des droits des non Arabes en particulier les Perses (Iraniens) depuis jadis lésés par le gouvernement Omeyades s'imposèrent et prirent la direction et le commandement des affaires révolutionnaires. A cet effet, ils envoyèrent Abou Muslim à Korassân (Iran) dans le but d'inviter le peuple de cette région Iranienne à une révolution armée contre le régime Omeyades.

Après la mort d'Ibrahim Imam chef des Abbassides, Abou Muslim rédigea une lettre à imam Sâdiq (p) dans laquelle il l'invitait à la révolution et le promettant aussi de lui faire serment d'allégeance. Il écrivit:

"J'invite le peuple à l'amour de la famille du messager de Dieu (saw), si tu le désires, alors il n'y a personne de plus digne que toi à la tête du pouvoir califal"

Imam Sâdiq (paix sur lui) dans sa réponse à Abou Muslim écrivit:

"Tu n'es ni de mes compagnons, ni de mon temps"[15]

Fadlou Kâtib écrit:

"Je fus un jour en présence d'imam Sâdiq (p), soudain lui parvint la lettre d'Abou Muslim, l'imam s'adressant au porteur de ladite lettre dit: "Ta lettre n'a pas de réponse! Retournes d'où tu viens!"[16]

Abou Salma Khallâl[17] qui plus tard sera reconnu au près du peuple comme le représentant de la famille du prophète (saw) lui aussi après le décès d'Ibrahim Imam vit que les choses étaient désormais à son avantage, raison pour laquelle il adressa trois lettres à trois grandes figures de la famille du prophète (saw) de cette époque, Ja'far ibn Mohamad As Sâdiq (p), Abdullah ibn Hassan ibn Hassan ibn Ali (p) plus connu sur le nom "d'Abdullah Mahd" et Amroul Achraf ibn Ali Zeinoul Âbidine (paix sur eux). Il confia sa lettre à l'un de ses amis et le recommanda de se diriger d'abord vers Ja'far ibn Mohamad (imam Sâdiq), et de diriger respectivement vers Abdullah Mahd et Hassan ibn Hassan que si l'imam (p) décline son offre.

Le porteur de la lettre d'Abou Salama suivant la volonté de celui-ci se présenta à imam Sâdiq (p) et lui donna la lettre, l'imam prenant la lettre dit: "Que me veut Abou Salma qui n'est pas de nos partisans?"

- Ouvrez la lettre et lisez-là c'est ce qu'il m'a demandé de vous dire! Dit le porteur de la lettre.

L'imam demanda à son serviteur de l'apporter la lampe dont il utilisa pour bruler la lettre.

- Ne donnez-vous pas une réponse? Demanda le messager.

- La réponse est ce que tu viens de voir!

Le messager d'Abou Salma se rendit alors au près d'Abdullah Mahd et lui remit la seconde lettre, celui-ci après avoir lu la lettre, l'a fit un baisé et sans plus tardé monta sur un cheval et se dirigea chez imam Sâdiq (p). Ayant vu imam Sâdiq (p), il dit en lui montrant la lettre: "Voici la lettre que m'a envoyé Abou Salma par l'un de nos Chiites (partisans) m'invitant au khilâfat (à la tête du pouvoir califal). Imam Sâdiq (p) lui dit:

- A quel moment les gens de Korassân sont-ils devenus tes partisans? As-tu envoyé à eux Abou Muslim? Connais-tu l'un d'eux? Ni toi ne connais aucun d'eux, ni eux ne te connaissent, comment peuvent-ils alors être tes Chia (partisans)?

- Tu parles comme si tu avais à émettre un point de vue sur cette affaire. Répliqua Abdullah à l'imam.

- Dieu le sait très bien que j'accorde beaucoup d'intérêt aux affaires de chacun des musulmans, comment ne le ferai-je pas autant vis-à-vis de toi? Ô Abdullah! Eloigne-toi de cette ambition erronée et sache que ce gouvernement tombera entre les mains des Banou Abbas (Abbassides), sache que une lettre similaire m'a aussi était envoyée.

Abdoullah Mahd chagriné par ce que lui avait dit l'imam prit congé de lui. Quant à Amr ibn Zeinoul Âbidîne, il rejeta la lettre disant "Je ne réponds pas à une lettre dont j'ignore qui en est l'auteur"[18]

Lorsque commencèrent à flotter les drapeaux annonciateurs de la victoire Abbasside, Abou Salma envoya une autre lettre à l'imam Sâdiq (p) dans laquelle il demandait à l'imam de se prononcer. "Nous avons rassemblés soixante-dix milles combattants, tous sous notre commandement alors fais-nous part de ta décision"

Imam Sâdiq (p) maintint toujours sa réponse négative du début. Abou Bakr Hadrami rapporte:

"Abbân et moi nous rendîmes auprès de l'imam alors que l'étendard de triomphal s'agitait déjà à Kourassân, nous demandâmes à l'imam son avis sur la situation et il nous dit:

"Gardez-vous de parler de cela et sortez pas de vos maisons! Car ce à quoi vous aspirez (gouvernement Islamique de justice) ne vous reviendra pas de sitôt…"[19]

POURQUOI IMAM SÂDIQ (P) DECLINA-T-IL L'APPEL ABBASSIDES A LA REVOLUTION?

En considérant ce qui a été dit précédemment, d’un point de vu primitif l’analyse de la position ferme de l’Imam Sadiq (p) face à la proposition faite par ‘Salame’ et ‘Abu Muslim’, laisse paraitre un motif qui a poussé l’Imam Sadiq (p) a rejeté leur proposition. Sur le plan de la forme, les motivations religieuses avaient une forte influence dans ce mouvement. Les slogans qu’ils avaient choisis pour eux, étaient tous islamiques; les paroles qu’ils écrivaient sur leurs drapeaux étaient toutes des versets coraniques; et ils faisaient semblants et laissaient paraitre que ce qu’ils faisaient était au nom des Ahl-ul-Bayt (p) et que leurs intentions étaient de venger le sang des Ahl-ul-Bayt (p) versé injustement par les ‘Bani Omeyade’ et les ‘Bani Marwan’. Ils voulaient associer les Ahl-ul-Bayt à leur révolution, même si le nom du calife vers qui ils invitaient le peuple n’était pas évident. Leur slogan était:

« الرضا من آل محمد (ص)»

‘Nous nous soulevons pour prouver notre sujétion à la personne qui a été choisie dans la famille de Mohammad (s.a.w.a.)’. L’ensemble de ceci montre que la révolution des Abbassides avait un aspect islamique. Par ailleurs, si nous accordons un peu d’attention aux différents événements, nous verrons l’origine et la cause de l’opposition de l’Imam Sadiq (p): Imam Sadeq (p) savait que les leaders de la révolution avaient pour seul objectif, de s’emparer du pouvoir. Le fait de rependre des slogans sur les Ahl-ul-Bayt devait leur permettre de profiter de la popularité des Ahl-Ul-Bayt.

Les récits historiques témoigne clairement qu’ "Abu Salame Kla’l" après l’arrivée des forces Khorasani à Kufa, prit les rênes du pouvoir politique et distribua les charges politiques et militaires à ses proches. Il voulait qu’en choisissant un calife ‘Alawi’, il reste le principal maître de la nation et que le calife n’aura qu’à décider que dans un domaine très restreint. Le calife d’après ce qu’il voulait devait seulement être un poste honorifique.[20] Imam Sadeq (p) connaissait qu’Abu Salame et Abu Muslim recherchaient la popularité des Ahl-ul-Bayt, pour s’en servir à fin de s’emparer du pouvoir. Ils ne croyaient pas au leadership et à l’autorité de l’Imam. Autrement dit, cela n’avait aucun sens d’envoyer trois lettre ayant un même concept à trois personnalités différentes de la famille du prophète.

Imam (p) connaissait avec la plus grande clairvoyance que les vrais acteurs de la révolution sont les Abbassides. Leur seul objectif, était de s’emparer du pouvoir. Ils avaient rallié à leur cause des gens comme Abu Muslim, Abu Salame et autres…

Imam (p) connaissait que la personne qui ne leur sera pas convenable et qui se placera sur leur route sera très rapidement anéanti. Ceci fut dont le sort d’Abu Muslim, Abu Salame, Souleymane Ibn Kasir et les autres. L’Imam (p) savait parfaitement que les gens semblables à Abu Salame, Abu Muslim ont été trompé et ne sont pas sur la voie droite de l’islam et des Ahl-ul-Bayt (p). Raison pour laquelle Imam ne voulait en aucun moment coaliser avec eux et légitimait par la suite leurs opérations. Les dirigeants de cette révolution n’étaient pas de son école. Ils étaient très rancuniers. Ils exagéraient dans la violence et accomplissaient des actes qu’aucun musulman transitif ne pourrait accomplir. L’histoire fait revivre dans les esprits quelques exemples effrayants des crimes et assassinats commis par Abu Muslim Khorasani et entre autres, les crimes d’Ajajou Ibn Youssouf.[21]

‘’Sadir Sirfi’’ rapporte que lors d’une discussion entre l’Imam Sadiq (p) et lui ce qui suit parut:

«Je suis venu voir Imam et je dis : ‘’ Pourquoi êtes-vous assis?’’

Imam répondit:

- Ô Sadir quel ce qui y a?

- C’est à propos de la quantité de vos partisans et de vos amis.

- Tu penses qu’ils sont combien?

- 100000!

- 100000?

- évidement! Et peut-être même 200000!

- 200000?

- Evidement! Et peut-être la même la moitié du monde.

En poursuivant la discussion, Imam se rendit à ‘’Yanbah’’ accompagné de Sadir et là-bas, il vît un groupe d’enfant et dit: ‘’Si le nombre de nos partisans et nos amis atteignait le nombre de ces enfants, nous ne serions pas assis à la maison.’’[22]

Nous retenons de cet Hadith que l’intention de l’Imam ici était que: le seul fait de s’emparer du pouvoir ne suffisait pas. Mieux vaut que le pouvoir ne soit pas patronné par la force et les éléments de renseignement humain, que le programme de transformation et de corruption de la doctrine islamique ne soit pas réalisé. Que les forces et les éléments qui connaissent bien les objectifs du régime, qui croient en cela et qui le soutiennent, expliquent à la population les différents points du pouvoir. Et que le régime soit capable d’apporter des solutions aux différents problèmes.

Nous retenons de la discussion de l’Imam (p) que: Si l’Imam (p) après la victoire sur ses ennemis pouvait compter sur le soutien de ses partisans pour mettre en œuvre le programme prévu par l’Islam, alors il serait prêt à tout moment de faire la révolution avec eux. Mais seulement, les conditions, l’époque et l’environnement ne lui permettaient pas. Car, même si la résistance aboutissait, cela n’aurait aucun résultat positif. C’est-à-dire que, même s’ils parvenaient à renverser le régime en place, le but sollicité par la sagesse divine ne serait toujours pas atteint.[23]

SOURCE: LES IMAMS INFAILLIBLES DANS L'HISTOIRE.

AUTEUR: MAHDI PISHVAHI.

Traduit du persan en français par:

CHEIKH HOUSSAYN MFOUAPON.



[1] Zahbi Chamssou Dine Mohamad dans "Tazkiratoul houfâz" édition de Beyrouth Dâru Ahyâi tourâçil arabi, tome 1, page 166.

[2] Ibn Hajjar Al askalâni "Tahzîboul tahzîb" Beyrouth, Dâroul Fikr édition de 1404 H, tome 1, page 88.

[3] Heydar Assad "Imam Sâdiq we mazâiboul arba'at" (Imam Sâdiq et les quatre écoles juridico-Islamique), Beurouth, Dârul kitâbil arabi, tome 1, page 53.

[4] Al irchâd, page 270.

[5] Sawâiqul mouhrika, édition de Maktabul Kâhira 1385 H, page 201.

[6] Heydar Assad "Al imam Sâdiq wel mazâiboul arba'at" (Imam Sâdiq et les quatre écoles juridico-islamique), tome 1, page 55 rapporté de Abou Bahr Jâhiz.

[7] Mokhtaçaru târikhoul arab. (Le résumé de l'histoire des Arabes) de Afîfoul Ba'labaki, édition de Beyrouth, Dârul ilmi lilmalâyiine, 1967 G, page 193.

[8] Wefiyâtul A'yâne, Tahkîk, Dr Ihssân Abbas,, édition de 1364 en langue persane, tome 1, page 327.

[9] Cheikh Moufid, "Al irchâd" édition de Maktabaou Baçîrati, page 271.

[10] Fatâlou Nichâbûri, "Rawdatul wâ'izîne" édition de Beyrouth, Moassassatoul a'lamiyilil matûbât, 1406 H, page 229. Tabressi, "I'lâmul Wurâ bi i'lâmil houdâ", Maktabatoul islâmiya, page 284.

[11] Ibn Nadîme dans le livre "Féhrest" (en langue persane) parle de plus de deux cent vingt tomes de livre rédigés par Jâbir ibn Hayyân. Maktabatul tijâriyatul koubrâ, page 512-518.

[12] Le véritable nom d'Abou Hanifa fut No'mân ibn Stâbit.

[13] Najâchi, "Fehresté masnafiyé shiié" (en persane).

[14] Tahzîboul tahzîb, édition de Beyrouth, Dârul fikr 1404 H, tome 1, page 88.

[15] Shahrestâni, "Al milalou we nahl" Tahkik, Mohamad Seyyid Guîlâni, edition de Beyrouth, Dârul ma'rifat, 1402 H, tome 1, page 154.

[16] Kouleini dans le "Ar-Rawdatou minal kâfi" édition de Tehran, Dârul kutoubil islâmiya 1389 H, page 274. Majlissi dans son "Biharoul anwar" édition de Tehran 1395 H, tome 47, page 297.

[17] Trois raisons pour lesquelles on l'appela "Khallâl" sont mentionnées dans "Ibn Touktakan, Al fakhri édition de Beyrouth 1386 Hégire, page 153-154.

[18] Mas'oudî dans son "Mourûjou zihab, édition de Beyrouth Dârul andaluss, tome 3, page 253-254 ne mentionne pas la lettre de Amr ibn Zeinoul Abidine.

[19] Majlissi dans son "Biharoul anwar" tome 52, page 139.

[20] Docteur Farouk, Omar, Tabiatul-Da’awatul-Abasiyatu, Birout, Daroul-Irchad, 1389 A.H, P.226

[21] Pour plus d’information, consulter le livre «Siré Pichvayon», P.387-390

[22] Koleini, Osoul Minal-Kafi, TEHERAN, Maison de publication Saqod, 1381 A.H, T.2, P.242.

[23] Adabi, Adel, zindégorni Tahlili Pichvayoné Ma, Traduction: Docteur Asdoul-Lahou Mabchari, TEHERAN, Maison de Publication de la Culture de l’Islam, 1361 A.H, P.183-185 (Avec un résumé et un peu de modification dans le texte).

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